Israël et le Hamas ont affirmé samedi leur détermination à poursuivre le combat dans la bande de Gaza, sans laisser entrevoir une fin prochaine des hostilités qui continuent à faire des dizaines de morts chaque jour.

Le chef du gouvernement israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré le premier que l'armée poursuivrait ses opérations «aussi longtemps que nécessaire» et emploierait «toute la force requise».

«Nous poursuivrons notre résistance jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif», lui a répondu un porte-parole de l'organisation islamiste au terme de la 26e journée d'une guerre qui a fait près de 1800 morts.

Ces propos belliqueux ont été tenus alors que l'armée israélienne avait donné dans l'après-midi de premiers signes d'une fin de ses opérations dans des secteurs limités de la bande de Gaza, tout en poursuivant ailleurs un pilonnage qui a encore fait des dizaines de morts.

Pour la première fois depuis le début le 8 juillet de l'opération israélienne, et surtout de sa phase terrestre le 17 juillet, des témoins ont rapporté à l'AFP avoir vu les soldats israéliens se retirer de villages proches de Beit Lahiya et de Khan Younès.

Spéculations sur un retrait

Dans le même temps, l'armée israélienne a annoncé que les civils pouvaient «rentrer en toute sécurité à Beit Lahiya et Al-Atatra», dans l'étroite bande le long de la frontière dans laquelle étaient entrés ses soldats.

Les habitants avaient été sommés d'évacuer le temps que l'armée mène ses opérations destinées à réduire le danger représenté pour Israël par le Hamas, qui contrôle de facto le territoire d'une dizaine de kilomètres de large au maximum.

Les médias israéliens ont alors bruissé de spéculations sur la possibilité que M. Nétanyahou annonce dans la soirée un début de retrait.

Il n'en a rien fait. «L'opération continue, l'armée continue d'agir de toutes ses forces pour mener à bien ses missions, le retour au calme, la sécurité pour les citoyens d'Israël, tout en faisant très mal à l'infrastructure terroriste», a-t-il martelé.

L'armée israélienne est «en train d'achever» la destruction du réseau de tunnels passant sous la frontière et permettant d'aller porter le danger en Israël, a-t-il dit.

C'est pour neutraliser cette menace et pour faire cesser des tirs de plus en plus nombreux de roquettes depuis Gaza qu'Israël a déclenché son opération «Bordure protectrice».

Quand elle en aura fini avec le danger des tunnels, l'armée se préparera à d'autres opérations, a dit M. Nétanyahou , sans préciser en quoi consisterait cette phase.

Déluge de feu sur Rafah

Quant aux roquettes, 84 ont encore été tirées contre Israël samedi, dont 56 ont atteint le territoire israélien tandis que six ont été abattues par le système antimissiles Iron Dome, selon l'armée israélienne. Au total, 3112 roquettes ont été tirées depuis le 8 juillet, dont 2445 ont atteint Israël.

La bande de Gaza est pour sa part restée soumise au feu israélien, 24 heures après qu'une illusion de cessez-le-feu eut volé en éclats.

Au moins 110 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza au cours de la seule journée de samedi, pour la très grande majorité dans le secteur de Rafah, a expliqué à l'AFP le porte-parole des secours palestiniens, Achraf al-Qodra.

La guerre en cours dans ce territoire densément peuplé, ravagé et asphyxié, a coûté la vie à 1712 Palestiniens, très majoritairement des civils, a-t-il ajouté. Côté israélien, 63 soldats et 3 civils ont été tués.

Les environs de Rafah ont subi un déluge de feu après la disparition, vendredi matin, du sous-lieutenant israélien Hadar Goldin.

Selon l'armée israélienne, le soldat de 23 ans a probablement été capturé lors d'une opération de destruction de tunnel. Pour Israël, la capture d'un de ses soldats est le casus belli par excellence.

Sans se détourner des autres opérations, l'armée a continué à fouiller le secteur de Rafah à la recherche du soldat, a dit son porte-parole Peter Lerner. Tout en disant ignorer son sort, l'armée ne parle pas formellement d'enlèvement puisque «personne ne l'a revendiqué», selon son porte-parole.

Pas d'Israéliens au Caire

La branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a assuré ne pas disposer d'informations sur le soldat, tout en revendiquant l'implication de ses combattants dans l'embuscade à l'origine de sa disparition. Pour elle, le soldat a peut-être été tué en même temps que des combattants palestiniens.

La rupture de la trêve de vendredi et la disparition du soldat israélien ont compliqué la recherche d'un cessez-le-feu.

Une délégation palestinienne composée de représentants du Hamas, de son allié le Jihad islamique et du Fatah est arrivée samedi soir au Caire pour tenter de relancer l'effort de pause dans les combats.

Ces discussions prévues avec des médiateurs égyptiens et associant les Américains étaient programmées vendredi à la faveur de la trêve annoncée. Elles ont été différées avec les événements de Rafah. Mais Israël a décidé de ne pas envoyer de délégation au Caire, selon un responsable.