Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a prévenu jeudi que l'armée «finirait le travail» contre les roquettes et les tunnels du Hamas dans la bande de Gaza, malgré les critiques de l'ONU sur les lourdes pertes civiles palestiniennes.

Les États-Unis ont pour leur part affirmé qu'il y avait peu de doutes sur l'origine israélienne des tirs qui ont tué mercredi au moins 16 réfugiés palestiniens dans une école de l'ONU, Israël ayant émis l'hypothèse de tirs du Hamas.

«Nous sommes déterminés à achever» la destruction des tunnels utilisés par les combattants du Hamas palestinien pour des attaques contre Israël, «avec ou sans cessez-le-feu», a prévenu M. Nétanyahou  après l'annonce de la mobilisation de 16 000 réservistes supplémentaires et de la livraison de munitions américaines.

«Nous n'accepterons donc aucune proposition qui ne permettrait pas à l'armée israélienne de finir ce travail», a-t-il prévenu au 24e jour d'une nouvelle guerre dévastatrice. Selon le général responsable du secteur de Gaza, Sami Turgeman, c'est «une question de jours».

Le Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne, refuse tout cessez-le-feu sans un retrait des troupes israéliennes du territoire, un arrêt des frappes et une levée du blocus imposé par Israël depuis 2006.

Après le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, la Haut-Commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme Navi Pillay a condamné les attaques israéliennes touchant des maisons, des écoles, des hôpitaux et des centres de réfugiés, y voyant «un acte de défi délibéré» au droit international.

«Je veux que le Hamas continue»

L'armée israélienne a encore intensifié son offensive, entrant plus profondément dans l'enclave palestinienne, où des dizaines de Palestiniens sont encore morts jeudi, dans tout le territoire.

Tandis que des corps carbonisés arrivent à l'hôpital al-Chifa de Gaza, Mahmoud Alyan, un infirmier de 23 ans de Beit Lahiya venu soigner une blessure au ventre raconte: «Un drone a bombardé notre maison, les gens sont venus nous aider et le drone a bombardé encore. Il y a eu trois morts.» «Moi je veux que le Hamas continue cette guerre, qu'il pousse Israël hors de Gaza», dit-il.

«Tous les deux ans, il y a la guerre ici, mais celle-ci c'est vraiment la pire», dit son ami Iyad Salim, 23 ans, déjà blessé lors de l'opération de 2008.

Mercredi avait été avec près de 120 morts l'une des journées les plus sanglantes de cette nouvelle guerre dans ce territoire de 40 km sur 10 où les quelque 1,8 million habitants, pour moitié des mineurs, ne sont nulle part à l'abri.

La chute d'au moins un obus sur un marché de Chajaya, à l'est de la ville de Gaza, a fait 17 morts et 150 blessés, selon les secours locaux, avec des scènes insoutenables de corps mutilés, de morts et de sang.

Et seize Palestiniens ont été tués à Jabaliya (nord), quand deux obus ont frappé de plein fouet une école de l'ONU où 3000 Gazaouis avaient cherché refuge. Une frappe condamnée à son tour par l'Union européenne jeudi.

L'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a clairement accusé l'armée israélienne, déplorant la mort d'enfants «tués alors qu'ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d'une salle de classe».

L'«espoir» de Kerry

La Maison-Blanche a elle affirmé qu'il y avait peu de doutes sur l'origine israélienne des tirs sur l'école, le porte-parole Josh Earnest, jugeant le bombardement de bâtiments de l'ONU servant de refuge «totalement inacceptable et totalement indéfendable».

Les États-Unis ont dans le même temps accepté une demande de livraison de munitions à l'État hébreu, le Pentagone répétant l'engagement de Washington à «garantir la sécurité d'Israël».

Quant à la situation dans la bande de Gaza, le chef de l'UNRWA Pierre Krähenbühl a évoqué ses «craintes d'apparition de maladies» et prévenu que la population civile était «au bord du gouffre». Désormais, plus de 230 000 réfugiés s'entassent dans des conditions de précarité extrêmes dans les 85 centres de l'agence à Gaza.

L'armée israélienne, qui a pour sa part perdu 56 soldats, a annoncé avoir détruit une trentaine de tunnels souterrains souvent reliés entre eux, tandis que des experts israéliens évoquent un «Gaza sous Gaza» d'où le Hamas mène la bataille.

Depuis le 8 juillet, l'armée israélienne a comptabilisé près de 3000 roquettes tirées sur Israël, qui ont tué trois civils. Dans le ciel de Gaza, une traînée interrompue suggère un tir intercepté par un système antimissile mis à rude épreuve.

Au moins quatre roquettes ont été détruites en plein vol dans la soirée et une autre a endommagé une maison à Kyriat Gat, dans le sud d'Israël, blessant un civil, selon l'armée.

Jusqu'à présent vaines, les démarches diplomatiques ont repris. Une délégation israélienne est revenue du Caire, habituel intermédiaire. Aucune délégation palestinienne ne l'a pour l'heure suivie.

En déplacement en Inde, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a toutefois affirmé que les États-Unis gardaient «l'espoir» qu'un cessez-le-feu «pouvait être obtenu et le plus tôt sera le mieux».

Dans un discours, le premier ministre turc, Recep Erdogan, proche du Hamas, a réitéré son analogie entre le régime nazi et Israël: «Dites-moi, quelle est la différence entre les opérations israéliennes et celles des nazis et d'Hitler?».