L'espoir encore très fragile d'une trêve humanitaire entre Israël et le Hamas, jusqu'à présent toujours déçu, a recommencé à faire son chemin, malgré des frappes qui ont plus fait plus de cent morts dans la bande de Gaza mardi.

Selon le secrétaire d'État américain John Kerry, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a «soulevé l'idée et la possibilité d'un cessez-le-feu», lors d'un entretien téléphonique la veille.

Quant au Hamas et à ses alliés du Jihad islamique, ils sont «prêts à une trêve humanitaire de 24 heures», et à étudier une prolongation jusqu'à trois jours, a affirmé l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Les belligérants se sont toutefois bien gardés de s'engager officiellement. Le gouvernement israélien, qui entend réduire à néant la menace que fait peser le Hamas sur sa population, doit tenir une réunion de son cabinet de sécurité mercredi à 14h00.

Dans une rarissime déclaration diffusée par la radio et la télévision du Hamas, Mohammad Deïf, le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement palestinien, a rappelé la position de son organisation: pas de trêve «sans l'arrêt de l'agression et la levée du siège», le blocus israélien imposé depuis 2006 à l'enclave palestinienne.

Selon le secrétaire général de l'OLP, Yasser Abed Rabbo, «la direction palestinienne a convenu avec le Hamas et le Jihad islamique d'envoyer une délégation (...) au Caire pour discuter de la période à venir». «C'est une preuve, s'il en fallait, que nous avons une position commune», a insisté M. Abed Rabbo. L'OLP et le Hamas ont scellé leur réconciliation en avril.

La délégation palestinienne attendait une invitation officielle de l'Egypte avant de partir pour Le Caire, selon des sources palestiniennes.

Gaza sans électricité 

Mais la route est longue. Ces derniers jours, plusieurs annonces de trêve, faites par le Hamas comme par Israël, n'ont pas permis de mettre un terme aux hostilités.

Le mouvement islamiste palestinien a rejeté la semaine dernière un projet de cessez-le-feu présenté par l'Egypte, qui a par le passé servi à plusieurs reprises d'intermédiaire entre Palestiniens et Israéliens.

Selon l'armée, une soixantaine de roquettes ont été tirées mardi depuis Gaza vers Israël. Dans la soirée, les sirènes ont retenti près de Jérusalem et une roquette a été interceptée à 30 km au sud-ouest de la ville.

La bande de Gaza a connu mardi son nouveau lot de drames.

Plus de 100 corps ont été amenés mardi dans les différentes morgues de Gaza, tandis que 18 Palestiniens ont été tués dans la soirée par des bombardements israéliens, portant à plus de 1232 le nombre de Palestiniens tués en 22 jours de conflit, selon le chef des services de secours Ashraf al-Quoudra. Au moins 230 étaient des enfants, selon l'Unicef.

Après une éphémère trêve de fait lundi, début de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, un déluge de feu s'est abattu du nord au sud de l'étroite enclave palestinienne.

«Soudain, des missiles sont tombés comme la pluie», a raconté Mohamed al-Dalo, un habitant de Gaza. «Nous avons quitté nos maisons, certains couraient dans une direction, les autres à l'opposé (...) Les gens criaient: Évacuation!»

Les bombardements de mardi ont été les plus violents depuis des jours, selon un journaliste de l'AFP. Ils sont tombés partout: la ville de Gaza, le camp de Bureij (centre), Jabaliya (nord), la région de Rafah (sud).

Bombardée et en proie aux flammes toute la journée, l'unique centrale électrique du territoire, qui assure en temps normal 30% de ses besoins en électricité, a cessé de fonctionner. La quasi totalité de l'enclave a été plongée dans le noir à la nuit tombée.

«Démilitariser Gaza» 

Mais si un arrêt des combats devait être arraché, les questions de fond resteraient entières. Le Hamas exige une levée du blocus, qui asphyxie cette bande de terre de 40 km sur 10 où s'entassent quelque 1,8 million d'habitants.

Quant aux autorités israéliennes, elles ont répété à l'envi que tant que la puissance de feu du Hamas n'aurait pas été annihilée, leur armée ne s'en irait pas d'un territoire dont elle s'était unilatéralement retirée en 2005 avant d'y revenir le 17 juillet.

Cinquante-trois soldats israéliens ont perdu la vie depuis le déclenchement de l'opération «Bordure protectrice» le 8 juillet, soit le bilan le plus lourd depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.

Trois civils ont également été tués en Israël depuis le début de la confrontation.

Or, l'armée n'a pas encore atteint son objectif, qui est de détruire de l'arsenal de roquettes et les tunnels d'attaque.

Quatre soldats ont été tués lundi par un commando palestinien sorti de l'un de ces boyaux et mardi, l'armée a affirmé avoir éliminé cinq «terroristes» qui émergeait d'un autre tunnel dans la bande de Gaza.

Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est confronté à une forte pression de son opinion publique, très sensible à cette question des tunnels et qui, à en croire les sondages, est résolument favorable à une poursuite des opérations militaires.