Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a lancé mercredi une commission internationale d'urgence pour enquêter sur «toutes les violations» qui auraient été commises dans le cadre de l'offensive israélienne à Gaza, où plus de 670 Palestiniens ont été tués.

Une résolution en ce sens, déposée par la Palestine, a été adoptée par 29 voix pour, 17, 1 voix contre (les États-Unis) et 17 abstentions.

La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, avait appelé plus tôt à une enquête sur l'offensive, et avait dénoncé aussi les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles.

Citant des récents exemples de destructions de maisons, et de civils tués, dont des enfants, dans la bande de Gaza, Mme Pillay, qui participe à une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur l'offensive israélienne, indique qu'il y a «une forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé, d'une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre» et avait demandé une enquête sur chacun de ces incidents.

Elle souligne également qu'«une fois de plus, les principes de distinctions et de précaution ne sont pas clairement respectés durant les attaques indiscriminées menées contre des zones civiles par le Hamas et d'autres groupes palestiniens armés».

Mme Pillay a fait son intervention devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, en réunion d'urgence mercredi à Genève, à la demande de la Palestine et des pays arabes, pour exiger le respect du droit international dans les territoires palestiniens occupés.

Un projet de résolution est sur la table des participants. Le texte, qui sera soumis à approbation aux participants de la réunion, condamne «avec la plus grande fermeté les violations massives et systématiques des droits de l'homme découlant des opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis le 13 juin en particulier l'offensive israélienne à Gaza».

Le texte recommande aussi que la Suisse, comme État dépositaire des Conventions de Genève, convoque rapidement la conférence des États parties à la 4e convention de Genève pour décider des mesures à prendre pour que la convention, un texte essentiel du droit humanitaire, soit appliquée dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est.

Les pays européens et les États-Unis n'ont pas soutenu la convocation de la réunion d'urgence du Conseil des droits de l'homme mercredi à Genève.

Le chef de la diplomatie américaine était mercredi en Israël pour pousser en faveur d'une trêve dans l'offensive sanglante de l'armée israélienne contre Gaza, l'ONU évoquant des «crimes de guerre» et les compagnies aériennes annulant leurs vols sur Tel-Aviv.

Si la communauté internationale s'accorde pour dénoncer les attaques à la roquette du mouvement islamiste Hamas sur Israël, les critiques se multipliaient aussi à l'adresse des autorités israéliennes, le pilonnage de la bande de Gaza faisant essentiellement des victimes civiles.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, a lui accentué ses accusations, évoquant pour la première fois un «crime contre l'humanité».

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé pour sa part mardi que le nombre de Palestiniens tués était «quelque chose qu'on ne peut pas accepter».

Moins de roquettes

L'armée israélienne, qui enregistre les pertes les plus lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais de 2006, se targue, elle, de réussir son opération, en particulier à Chajaya, une banlieue est de la ville de Gaza, dont le pilonnage a fait plus de 70 morts.

«Au cours des dernières 24 heures, les choses sont plus sous contrôle», a indiqué Peter Lerner, porte-parole de l'armée, tout en soulignant que «les combats continuent» dans ce quartier qu'Israël considère comme l'une des bases du Hamas.

Il a aussi confirmé que les tirs de roquettes du mouvement islamiste vers Israël avaient diminué d'intensité, sans vouloir dire si l'objectif de faire cesser ces lancements était à portée de main.

Depuis le début des hostilités, quelque 1700 impacts de roquettes ont été comptabilisés, et environ 420 autres projectiles détruits en vol. Quinze roquettes ont frappé Israël mercredi et un tir de mortier a tué un ressortissant étranger non identifié.

Selon Peter Lerner, l'armée a aussi mis au jour 28 tunnels, avec 60 entrées. Leur destruction est un des objectifs stratégiques d'Israël qui craint que le réseau souterrain du Hamas ne serve à lancer des attaques contre des civils.

Ces objectifs sont quasi-identiques à ceux des quatre conflits précédents entre Israël et le Hamas.

Vols annulés

Dès lors, les bombardements continuaient à Gaza, malgré le lourd bilan de l'opération israélienne. Cinq Palestiniens dont deux enfants ont encore été tués dans une localité proche de Khan Younès (sud).

Selon l'ONU la majorité des victimes sont des civils. Au moins 652 Palestiniens sont morts, un chiffre difficile à vérifier compte tenu du chaos régnant à Gaza où les restes de personnes décédées les jours précédents continuent d'être retrouvés dans les décombres.

Dans un discours au ton amer, le président palestinien Mahmoud Abbas a reconnu que ses efforts pour arracher une trêve lors d'une tournée au Moyen-Orient avaient échoué. La direction palestinienne a appelé à des «manifestations populaires générales de solidarité avec Gaza et la Résistance».

Pour la deuxième nuit consécutive, un Palestinien a été tué en Cisjordanie occupée où les manifestations de soutien à Gaza gagnent en ampleur depuis quelques jours, accompagnées de heurts violents.

Des affrontements ont également lieu chaque nuit à Jérusalem-Est annexée, où 295 Palestiniens ont été interpellés ces trois dernières semaines, et dans les villes arabes du nord d'Israël.

Israël tentait pour sa part de réagir à l'annulation des vols en série sur l'aéroport Ben Gourion après qu'une roquette se soit écrasée à quelques kilomètres de là.

Quelque 80 vols ont été annulés depuis mardi soir, et Israël a souligné avoir mis en oeuvre «tous les moyens pour protéger le ciel israélien», selon l'autorité aéroportuaire civile.

L'ouverture d'un aérodrome dans le sud israélien a été ordonnée et la compagnie aérienne El Al a annoncé accroître son nombre de vols pour permettre aux Israéliens coincés à l'étranger de rentrer.



PHOTO MARTIAL TREZZINI, AP/KEYSTONE

La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay.