L'armée israélienne a décidé dimanche d'intensifier son offensive terrestre sur la bande de Gaza au lendemain d'une journée sanglante, au treizième jour de l'offensive sur l'enclave palestinienne qui a fait plus de 350 morts cotés palestiniens.

«Ce soir, la phase terrestre de l'opération Bordure protectrice s'étend avec des forces supplémentaires pour combattre le terrorisme dans la bande de Gaza et établir une réalité qui garantit aux Israéliens de vivre en sécurité», a déclaré l'armée dans un communiqué.

L'armée a annoncé avoir perdu deux soldats lors de combats pour repousser un commando palestinien s'étant infiltré en Israël via un tunnel provenant du centre de la bande de Gaza. Un combattant a aussi été tué.

Une deuxième infiltration dans la soirée via un tunnel dans le sud de l'enclave palestinienne s'est soldée par la mort d'un «terroriste», selon l'armée.

La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a revendiqué de son côté deux opérations «derrière les lignes ennemies», en territoire israélien, affirmant avoir tué 11 soldats en tout. Elles ont diffusé une vidéo de deux fusils pris aux soldats.

Au total, trois soldats sont morts depuis jeudi et le début de l'opération terrestre de l'armée israélienne dont l'une des priorités est de détruire le réseau de souterrains du mouvement islamiste palestinien, dont certains débouchent en Israël.

Deux civils israéliens ont été tués aussi, dont l'un, un bédouin, par le tir d'une roquette samedi qui a atteint le sud israélien.

À Gaza, douze Palestiniens ont péri dimanche matin portant à 355 morts et quelque 2400 blessés le bilan depuis le début des bombardements israéliens le 8 juillet. Selon l'ONU, les civils représentent plus des trois-quarts des victimes et selon l'Unicef au moins 73 mineurs ont été tués.

Quatre Palestiniens d'une même famille, dont deux enfants, ont notamment été tués samedi dans une frappe aérienne sur le nord de l'enclave, selon les secours.

Dans l'après-midi, l'armée israélienne a indiqué avoir tué deux hommes dans le sud de Gaza, dont l'un armé d'une ceinture d'explosifs, après avoir essuyé des tirs.

Plus de 60 000 déplacés 

Près de 60 roquettes ont frappé Israël samedi, soit 1280 impacts depuis le début de l'offensive israélienne destinée à faire cesser ces tirs depuis Gaza, sous blocus depuis des années. Les troupes israéliennes ont aussi dit avoir mis au jour 13 tunnels et 34 points d'accès.

«Il y a une menace de voir à tout moment (les combattants palestiniens) sortir d'un tunnel près d'une localité israélienne et de commettre un massacre», a souligné à l'AFP, le porte-parole militaire Arye Shalicar.

Un autre porte-parole a lui insisté que «sous la bande de Gaza, il y a un Gaza souterrain».

L'armée, qui menace toujours d'élargir ses opérations dans l'enclave palestinienne, dit se limiter pour le moment à la périphérie, ne s'enfonçant pas dans les zones urbaines.

Le chef d'état major Benny Ganz a estimé «qu'il y aurait des moments difficiles» mais que le Hamas et d'autres groupes armés avaient été «frappés fort», alors qu'Israël a mobilisé 53 200 hommes sur les 65 000 réservistes autorisés par le gouvernement.

L'armée a demandé samedi aux habitants des quartiers d'Al-Boureij et Al-Maghazi (centre), Tourkman (nord), Al-Jadida et Chajaya d'évacuer leurs domiciles, dans cette petite bande de terre de 362 km2 où s'entassent dans la misère 1,8 million d'âmes.

L'ONU à Gaza a pour sa part indiqué accueillir désormais près de 62 000 personnes déplacées, un nombre «supérieur a celui du conflit de 2008-2009» qui avait fait 1400 morts palestiniens.

Dans l'espoir d'obtenir un cessez-le-feu, le président palestinien Mahmoud Abbas, en retrait depuis le début de la crise, devait rencontrer dimanche à Doha le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, selon un proche de M. Abbas.

Le Hamas, qui a refusé mardi une proposition de trêve proposée par l'Égypte et acceptée par Israël, a remis ses revendications pour un cessez-le-feu à l'Égypte, au Qatar, à la Turquie, à la Ligue arabe et au président Abbas.

Parmi ces conditions, figurent «la fin de l'agression contre le peuple palestinien», la levée complète du blocus de Gaza, l'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Égypte et la libération de prisonniers.

À Ramallah, Yasser Abed Rabbo, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dirigée par M. Abbas, a entériné ces demandes au nom de «la Résistance palestinienne».

Ballet diplomatique 

Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon était attendu dimanche dans la région.

Lors d'une brève visite en Israël, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a assuré que «la France continue et continuera à agir pour la paix et un cessez-le-feu en prenant en compte la sécurité d'Israël et les conditions de vie des Palestiniens».

Il venait d'Égypte, où il a rencontré notamment le président palestinien Mahmoud Abbas, et de Jordanie.

Dénonçant un «bilan humain extrêmement lourd», M. Fabius a insisté sur l'«absolue priorité» de parvenir à une trêve à Gaza.

Les Gazaouis continuaient eux de crier leur désespoir, leur peur et leur colère contre Israël, accusé d'avoir réduit en poussière des centaines de maisons et d'immeubles.

«Quoi qu'il bombarde, ça ne change rien! C'est un acte criminel! Ce sont des civils ici, ils n'ont pas bombardé de militaires, mais quatre étages de civils. C'est le terrorisme d'État israélien», s'emportait Adnan Hachem, devant les décombres de son immeuble.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu a souligné ne pas pouvoir garantir le succès de l'opération militaire, la quatrième depuis qu'Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza en 2005.

Enfin, à Londres, des milliers de manifestants ont défilé dans le calme en soutien aux Palestiniens tandis qu'à Paris un rassemblement, interdit par les autorités, a tourné à l'affrontement.