Une explosion dans un bus près du ministère de la Défense à Tel-Aviv a fait au moins 22 blessés mercredi, a annoncé le service d'ambulances israélien, le gouvernement parlant d'une «attaque terroriste», alors que les hostilités entre Israël et le Hamas se poursuivent à Gaza.

Il s'agit du premier attentat à la bombe commis en Israël depuis mars 2011.

«Une bombe a explosé dans un bus dans le centre de Tel-Aviv. C'est une attaque terroriste», a affirmé un porte-parole du gouvernement.

L'explosion a eu lieu à bord d'un autobus de la Compagnie Dan qui reliait les localités de Atidim et Bat-Yam, toutes deux situées en périphérie de Tel-Aviv.

Un passager a affirmé à la radio publique avoir vu, juste avant la déflagration, un homme lancer un paquet ou un sac à l'intérieur du véhicule avant de s'enfuir.

«Nous nous attendions à des tentatives d'attentats dans toutes les grandes villes et nous avons déployé des centaines de policiers ici à Tel-Aviv. Il faut être vigilant», a affirmé à la Chaîne-10 de télévision le commandant en chef de la police israélienne, Yohanan Danino.

Interrogé par cette même chaîne, le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch a déclaré : «J'ignore si cet attentat aura une influence sur les discussions en cours en vue d'une trêve» entre Israël et les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza.

L'attentat n'a pas été revendiqué, mais Al-Aqsa, chaîne de télévision proche du Hamas, a salué une «opération-martyre».

La télévision publique israélienne diffusait des images montrant des ambulanciers portant secours aux blessés à même le trottoir.

Sigalit, 22 ans, serveuse dans un restaurant voisin, a déclaré à l'AFP : «J'ai paniqué. Je suis sans voix, c'est angoissant».

«Je suis en colère, ça doit cesser! Quand ça saute en bas de chez soi, ça fait réfléchir», a déclaré pour sa part Boaz Bismuth, un journaliste qui habite à 200 mètres du lieu de l'explosion.

À Gaza, des scènes de liesse ont eu lieu après l'annonce de l'explosion, selon des journalistes. «Dieu est grand. Une opération au coeur de l'entité sioniste», clamait un message diffusé sur des haut-parleurs installés sur la façade de la mosquée située en face de l'hôpital Shifa.

Des célébrations ont eu lieu également dans des camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Au moins une personne avait été tuée et plus de 30 autres blessées en mars 2011 dans l'explosion d'une bombe près d'une station d'autobus à Jérusalem.

Le ballet diplomatique se poursuit

L'attaque a eu lieu au moment où la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'entretenait avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Depuis le lancement de l'opération israélienne contre les groupes armés de Gaza, mercredi dernier, au moins 135 Palestiniens ont été tués et plus d'un millier blessés dans les raids aériens sur l'enclave palestinienne. Cinq Israéliens, dont un soldat, ont péri dans des tirs de roquettes.

L'armée israélienne a affirmé qu'elle avait visé dans la nuit «plus de cent sites terroristes» dans la bande de Gaza.

Un porte-parole de l'armée a précisé à l'AFP que depuis minuit, 12 roquettes tirées depuis Gaza avaient touché le sud d'Israël et sept autres avaient été interceptées. Depuis une semaine, 830 roquettes ont atterri en Israël et 390 ont été détruites par le système anti-missile Dôme de fer.

L'Égypte, «la clé de tout»

Arrivée mardi soir à Jérusalem, Mme Clinton a jugé «essentiel d'(obtenir) une désescalade de la situation à Gaza», tout en assurant à M. Nétanyahou l'engagement «inébranlable» des États-Unis pour la sécurité d'Israël.

Elle a rencontré mercredi matin en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas qui lui a dit que l'Égypte, au coeur des négociations entre Israël et les groupes armés, était la «clé de tout», a déclaré le négociateur Saëb Erakat.

Également en visite en Israël et dans les Territoires, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé depuis Ramallah à l'arrêt «immédiat» des tirs de roquettes palestiniennes, soulignant que l'heure était à la diplomatie.

Mardi soir, le président égyptien Mohamed Morsi avait dit espérer la conclusion d'une trêve «bientôt», selon une source à la présidence. Plusieurs responsables égyptiens et du Hamas avaient dit attendre une réponse d'Israël à une proposition de trêve du Caire.

Côté israélien, le porte-parole de M. Nétanyahou Mark Regev a affirmé mercredi matin que «la diplomatie est encore à l'oeuvre». «Nous n'avons pas encore abandonné l'espoir d'avoir une solution à long terme par la voie diplomatique», a-t-il dit à l'AFP.

Selon la radio publique israélienne, la trêve -temporaire- devrait préluder à un accord de cessez-le-feu durable en vertu duquel les belligérants s'engageraient mutuellement à stopper les frappes et les tirs de roquettes. Un mécanisme de surveillance serait mis en place par l'Égypte.

Le Hamas avait tempéré mardi soir les rumeurs sur l'imminence d'une trêve, appelant les groupes armés palestiniens à «continuer à riposter aux crimes israéliens».

L'armée israélienne a de son côté tweeté mercredi matin: «le chef d'état-major a (...) souligné que le dialogue avec les Égyptiens n'influence pas les activités (de l'armée) et a ordonné de continuer à frapper les infrastructures terroristes».

Un cratère de plusieurs mètres

Onze Palestiniens ont été tués dans de nouveaux raids israéliens mercredi sur la bande de Gaza, dont un enfant décédé lors d'une frappe sur l'immeuble où se trouve le bureau de l'Agence France-Presse (AFP) à Gaza, la seconde en 24 heures, selon des sources médicales.

Dans la journée, une fillette de quatre ans a été tuée lors d'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza, six autres Palestiniens ont péri dans de raids sur la ville de Gaza et trois autres à Jabaliya et à Khan Younès.

Au moins 148 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza et un millier blessés depuis le début le 14 novembre de l'opération israélienne sur l'enclave palestinienne.

Cinq Israéliens ont été tués par des tirs palestiniens, trois le 15 novembre et deux mardi dans le sud d'Israël, dont un soldat.

La Chine a par ailleurs annoncé qu'elle allait recevoir jeudi un émissaire spécial du président Abbas, au moment où les pays du Conseil de sécurité (dont la Chine est membre permanent) de l'ONU se concertent sur une demande des nations arabes qui exigent une réunion publique sur la crise à Gaza.

Photo AP

Hillary Clinton et Ban Ki-moon.