Israël a bombardé la bande de Gaza par les airs et par la mer, samedi, au début de la deuxième semaine de sa guerre contre le Hamas, dont le chef a prévenu qu'un «sombre destin» attendait les soldats israéliens en cas d'offensive terrestre.

Au moins 437 Palestiniens ont été tués dans l'offensive lancée par Israël le 27 décembre, dont 75 enfants et 21 femmes, et au moins 2 290 blessés, selon des sources médicales palestiniennes. «Il y a eu environ 750 raids», a déclaré à l'AFP un porte-parole militaire israélien.

Dans le même temps, quelque 500 roquettes palestiniennes tirées de la bande de Gaza ont fait quatre morts en Israël, dont un soldat, et une quinzaine de blessés, selon l'armée et la police israéliennes.

Alors que les conditions de vie de la population se dégradent, le Programme alimentaire mondial (Pam) a dénoncé une situation alimentaire «épouvantable» à Gaza.

Quelque 25 raids aériens ont été lancés contre la bande de Gaza depuis 00H00 samedi et au moins dix roquettes ont visé le sud d'Israël, a indiqué l'armée israélienne. Un de ces tirs a fait deux blessés légers à Ashdod, à environ 30 km de la bande de Gaza.

Un chef local de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, Mohammad al-Jammal, 40 ans, a été tué dans une attaque israélienne.

Un porte-parole militaire israélien a affirmé que ce responsable était chargé de l'organisation des tirs de roquettes dans toute la ville de Gaza.

L'armée israélienne a par ailleurs visé un établissement scolaire à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, affirmant qu'il s'agissait d'un édifice utilisé «à des fins terroristes, une base de lancement de roquettes et une planque pour des chefs du Hamas».

Alors que les commentateurs israéliens spéculent ces derniers jours sur l'éventualité d'une opération terrestre, le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a assuré que son mouvement «ne capitulerait pas» et prévenu qu'un «sombre destin» attendait Israël s'il mettait le pied à Gaza.

«Si vous commettez la stupidité de lancer une offensive terrestre, un destin sombre vous attendra à Gaza. Ce sera là votre malédiction, la colère de Dieu tombera sur vous», a ajouté Khaled Mechaal, qui vit en exil à Damas, sur la télévision Al-Jazira.

Le président américain George W. Bush a exhorté tous ceux qui le peuvent à faire pression sur le Hamas pour que l'organisation cesse ses tirs sur Israël et permette un cessez-le-feu qui «signifie quelque chose».

Dans le même temps, son administration a dit laisser son allié israélien libre de décider de lancer ou non une offensive terrestre, se contentant de l'exhorter à éviter les victimes civiles.

L'Égypte, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec l'État hébreu, a annoncé avoir adressé une lettre à Israël lui demandant de renoncer à une telle opération.

La branche armée du mouvement islamiste a affirmé avoir repoussé une incursion menée par des membres des forces spéciales israéliennes dans la bande de Gaza.

Un porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam a indiqué à l'AFP que ses combattants avaient repéré des forces spéciales tentant de pénétrer la zone frontalière de Choujaïya, dans l'est de la bande de Gaza, vers 01H00.

Les combattants du Hamas ont tiré six salves de mortier contre les soldats israéliens qui ont répliqué à l'arme légère avant de battre en retraite, a-t-il précisé.

L'armée israélienne a dit n'avoir «pas connaissance de l'incident», ajoutant qu'aucun de ses soldats n'avait pénétré dans la bande de Gaza depuis le 27 décembre.

L'offensive d'Israël, déclenchée dans l'une des régions à la plus forte densité de population du monde, est menée principalement par des avions, des hélicoptères et avions sans pilote, mais aussi par la marine de guerre.

Elle vise des objectifs du Hamas, des immeubles gouvernementaux, des mosquées où sont entreposées, selon l'armée israélienne, des roquettes, des tunnels de contrebande d'armes entre la bande de Gaza, sous blocus d'Israël, et l'Égypte.

Mais elle s'est traduite par une détérioration de la situation pour la population d'un territoire surpeuplé et pauvre même avant la guerre.

«La situation actuelle à Gaza est épouvantable et de nombreux produits alimentaires de base ne sont plus disponibles», a déclaré Christine van Nieuwenhuyse, représentante du Pam dans les territoires palestiniens.

«La situation dans la bande de Gaza tient de l'urgence critique désormais», a renchéri le coordinateur humanitaire de l'ONU pour les territoires palestiniens Max Gaylard.

«Les écoles sont fermées, la population reste cloîtrée à domicile (...) les hôpitaux et les cliniques sont absolument débordés», a-t-il dit.

Une mission de l'Union européenne est attendue au Proche-Orient de dimanche à mardi pour discuter d'un cessez-le-feu. Le président français Nicolas Sarkozy se rendra lundi en Égypte, Cisjordanie et Israël, et mardi en Syrie et au Liban.