La Libye a déposé mercredi soir au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et son plein respect par Israël et le Hamas, mais ce texte devra être amendé pour pouvoir être accepté par les Occidentaux.

Déposé au nom du groupe arabe, ce projet «condamne vigoureusement toutes les attaques militaires et l'usage excessif, disproportionné et aveugle de la force par Israël, puissance occupante, qui a fait de nombreux morts et blessés parmi les civils palestiniens innocents, y compris des femmes et des enfants.»

Il demande «un cessez-le-feu immédiat et son plein respect par les deux côtés».

Il «appelle Israël à respecter scrupuleusement ses obligations aux termes du droit humanitaire international, en particulier de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre».

Mais il ne fait aucune mention des tirs de roquettes en provenance de Gaza sur le territoire israélien, qui selon l'Etat hébreu ont déclenché son offensive aérienne contre le Hamas qui contrôle Gaza.

A l'issue d'un débat au Conseil, convoqué à l'initiative de l'Egypte qui assumait la présidence du groupe arabe en décembre, les ambassadeurs américain et britannique ont clairement indiqué que le texte était à leurs yeux trop partial.

«Cette résolution, telle qu'elle a été rédigée par la Libye, n'est pas équilibrée et en conséquence n'est pas acceptable pour les Etats-Unis», a déclaré à la presse l'ambassadeur américain, Zalmay Khalilzad.

Fidèle allié d'Israël et n'hésitant pas au besoin à user de son droit de veto, Washington le protège régulièrement de toute condamnation au Conseil de sécurité.

«Nous allons étudier le texte soigneusement mais toute résolution, pour être adoptée, devra refléter les responsabilités de toutes les parties», a dit pour sa part l'ambassadeur britannique, John Sawers, avant d'expliquer que le projet libyen ne comportait pour l'instant «aucune mention des attaques à la roquette contre Israël».

Une nouvelle réunion du Conseil pourrait se tenir dans les jours qui viennent avec la participation de plusieurs chefs de la diplomatie de pays arabes, ont indiqué l'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, et le représentant de la Ligue arabe, Yahya Mahmassani.

Les pays arabes ont décidé mercredi au Caire de demander au Conseil de sécurité l'adoption d'une résolution «contraignante», exigeant d'Israël la fin de ses opérations militaires à Gaza.

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe s'étaient retrouvés dans la capitale égyptienne pour élaborer cette position commune, cinq jours après le début des raids israéliens sur la bande de Gaza, qui ont fait depuis samedi près de 400 morts.

Une délégation ministérielle arabe, qui sera présidée par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, doit se rendre au siège de l'ONU à New York pour promouvoir la position arabe.

Selon M. Mohamad, cette délégation sera également composée des ministres égyptien, jordanien, libanais, libyen, marocain, qatari, syrien, ainsi que du palestinien et du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.

Selon le diplomate soudanais, cette réunion ministérielle du Conseil pourrait se tenir dimanche ou lundi.

Jusqu'à présent, le Conseil de sécurité n'a adopté, dans la nuit de samedi à dimanche derniers, qu'une déclaration non contraignante, appelant à la fin des violences à Gaza. Cette déclaration laconique ne mentionnait explicitement ni Israël ni le Hamas.

Sur le terrain, le Hamas a promis mercredi de combattre l'armée israélienne «jusqu'au dernier souffle» en cas d'offensive terrestre dans la bande de Gaza qui semblait se rapprocher après le rejet de propositions de trêve par Israël.

Au total, 393 Palestiniens, en majorité membres du Hamas, ont été tués, et plus de 1 900 blessés dans les attaques israéliennes depuis samedi, selon les services d'urgence à Gaza.