Israël, engagé dans une «guerre sans merci» pour «faire tomber» le Hamas, a attaqué lundi des cibles du mouvement islamiste pour la 3e journée consécutive dans la bande de Gaza où ses raids ont fait 345 morts dont 57 civils, alors que se profile la perspective d'attaques terrestres.

Douze Palestiniens ont été tués et 30 autres blessés dans deux raids aériens israéliens menés en début de soirée à Beit Lahya et Beit Hanoun, deux localités dans le nord du territoire.La première attaque a visé la maison d'un activiste de la branche armée du Hamas et le second un véhicule dont l'identité des occupants n'était pas connue dans l'immédiat.

Selon un porte-parole militaire, l'armée de l'air a également détruit un camion transportant des roquettes de type «Grad» dans le secteur de Jabaliya (nord de la bande de Gaza).

A l'issue de consultations en soirée, le ministre de la Défense Ehud Barak a réitéré ses menaces contre le Hamas.

«Si les tirs criminels contre Israël et ses citoyens ne cessent pas totalement, Israël aura recours à tous les moyens et tous les types d'actions légaux dont il dispose pour faire en sorte que l'ennemi mette un terme à ses agressions illégales», a-t-il affirmé dans un communiqué.

Plus tôt, M. Barak avait estimé au Parlement que les Israéliens étaient «engagés dans une guerre sans merci contre le Hamas et ses alliés».

Le vice-Premier ministre Haïm Ramon, N.2 du gouvernement, a assuré que «le but de l'opération est de faire tomber le régime du Hamas».

Le chef d'état-major adjoint israélien, le général Dan Harel, a pour sa part déclaré dans des propos rapportés par les médias qu'«après l'opération, il ne restera plus aucun bâtiment du Hamas debout à Gaza».

Jusque-là, les dirigeants israéliens affirmaient que l'opération dite «plomb durci», d'une violence inédite depuis l'occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, visait à mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays depuis la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas qui en a délogé en juin 2007 les forces fidèles au président palestinien Mahmoud Abbas.

Marquant clairement son soutien, la Maison Blanche a affirmé comprendre qu'Israël «doive agir pour se défendre», faisant valoir que ce pays n'avait pas l'intention de reprendre le contrôle de la bande de Gaza.

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a de son côté discuté par téléphone avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et des dirigeants du monde pour tenter de restaurer un cessez-le feu entre Israël et le Hamas, selon le département d'Etat.

Après une série de raids nocturnes, dont certains menés par des bâtiments de guerre au large de Gaza, l'aviation israélienne a lancé de nouvelles frappes lundi, détruisant notamment le bureau du Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Deux chefs du groupe radical Jihad islamique ont également été tués.

Selon le dernier bilan fourni par le chef des services d'urgence dans la bande de Gaza, Mouawiya Hassanein, les attaques aériennes israéliennes ont fait depuis samedi 345 tués et 1.550 blessés. La majorité des morts se recensent dans les rangs du Hamas.

Christopher Gunness, porte-parole de l'UNRWA, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, citant des chiffres obtenus de sources hospitalières, a fait état de 57 morts civils dont 21 enfants et au moins sept femmes.

A Ramallah, M. Abbas a affirmé qu'il entendait «procéder à des consultations avec tous les partis palestiniens, y compris le Hamas, sur les évènements tragiques dans la bande de Gaza». Le Hamas a rejeté de telles consultations.

Laissant planer la menace d'une offensive terrestre, Israël, qui a mobilisé 6.500 réservistes, a déployé lundi des renforts d'infanterie et de blindés à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l'AFP.

L'armée israélienne a aussi décrété le secteur frontalier du territoire palestinien «zone militaire fermée», une mesure qui pourrait préluder à une attaque terrestre imminente.

L'opération israélienne n'a pas empêché de nouvelles roquettes de s'abattre lundi sur le sud du pays. Un ouvrier arabe a été tué et huit autres civils blessés à Ashkelon, à quelque 13 km de la bande de Gaza.

Il s'agit du deuxième civil tué par des roquettes palestiniennes en Israël depuis le début des raids aériens. Plus de 200 roquettes et obus de mortier ont été tirés sur le territoire israélien depuis samedi, selon l'armée. Ces tirs ont été revendiqués par le Hamas.

Par ailleurs, des heurts ont eu lieu en Cisjordanie entre forces de l'ordre israéliennes et des Palestiniens manifestant contre les attaques à Gaza, faisant une dizaine de blessés palestiniens légers.