Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé jeudi la création d'un «groupe de travail sur l'Iran» destiné à faire respecter les sanctions économiques américaines contre Téhéran, au risque de sanctions «secondaires» aux pays qui ne les respecteraient pas.

«Le groupe de travail sera dirigé par l'émissaire spécial pour l'Iran Brian Hook et sera chargé de diriger, réévaluer et coordonner tous les aspects des activités du département d'État liées à l'Iran», a déclaré M. Pompeo à la presse.

L'objectif est notamment de faire respecter par les autres pays les sanctions économiques contre l'Iran que le président américain Donald Trump a décidé de rétablir après avoir dénoncé en mai l'accord nucléaire signé en 2015 par Téhéran et les grandes puissances internationales, a indiqué pour sa part M. Hook.

Cette cellule de travail est «déterminée à mener un gros effort mondial pour que le régime iranien change d'attitude», a-t-il précisé. «Nous voulons nous synchroniser étroitement avec nos alliés et partenaires dans le monde entier».

Les États-Unis ont rétabli début août une première salve de sanctions économiques contre l'Iran, notamment des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Une deuxième salve doit entrer en vigueur début novembre.

«Notre but est de réduire les importations de pétrole iranien de chaque pays à zéro d'ici le 4 novembre», a indiqué M. Hook.

«Nous sommes prêts à imposer des sanctions secondaires» aux pays qui ne respecteraient pas les sanctions américaines, a ajouté ce proche du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton.

En annonçant le rétablissement des sanctions américaines au début du mois, M. Trump avait lancé un avertissement aux pays qui persisteraient à commercer avec Téhéran. «Quiconque faisant des affaires avec l'Iran ne fera PAS d'affaires avec les États-Unis», avait-il tweeté.

«Pure coïncidence» 

Les gouvernement européens, qui sont toujours signataires de l'accord iranien, ont protesté contre ces mesures mais les entreprises européennes se sont très rapidement désengagées d'Iran, encore échaudées par l'expérience de BNP Paribas.

Accusée d'avoir enfreint l'embargo américain dans certains pays comme l'Iran ou le Soudan, la première banque française avait écopé d'une amende record de 8,9 milliards de dollars en 2014, ainsi que d'une suspension provisoire de certaines de ses activités aux États-Unis.

L'administration Trump a assuré à plusieurs reprises qu'elle ne cherchait pas à obtenir un changement de régime à Téhéran, mais seulement un changement de comportement. Elle a rendu publique une longue liste d'activités auxquelles elle demande à Téhéran de renoncer, notamment son soutien au régime syrien et au Hezbollah libanais, son programme de développement de missiles, son programme nucléaire et les détentions de ressortissants américains.

«Depuis près de 40 ans, le régime de Téhéran est responsable d'un torrent de violence et de déstabilisation à l'encontre des États-Unis, de leurs alliés, de leurs partenaires et bien sûr des Iraniens eux-mêmes», a déclaré M. Pompeo. «Le peuple iranien et le monde exigent que l'Iran se comporte enfin comme un pays normal».

«Nous espérons pouvoir bientôt conclure un nouvel accord avec l'Iran», a ajouté le secrétaire d'État américain. «Mais nous devons d'abord assister à des changements majeurs du comportement du régime à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières».

Alors qu'on lui demandait si la création de ce «groupe de travail sur l'Iran» avait été sciemment annoncée à l'occasion du 65e anniversaire du coup d'État contre le Premier ministre iranien Mohammad Mossadegh, orchestré par la CIA, M. Hook a assuré qu'il s'agissait d'une «pure coïncidence».

Le nouvel émissaire, qui a eu mercredi à Londres des entretiens consacrés à l'Iran avec des responsables britanniques, français et allemands, n'a pas exclu des négociations directes avec les dirigeants iraniens s'ils démontrent un «engagement» à changer de comportement.

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a affirmé lundi qu'il n'y aurait ni guerre ni négociations avec les États-Unis, les problèmes de son pays étant le résultat selon lui d'une mauvaise gestion du gouvernement plutôt que du rétablissement des sanctions, des propos qui augmentent la pression sur le président modéré Hassan Rohani.