Téhéran a estimé dimanche qu'une loi américaine imposant des visas aux ressortissants de 38 pays ayant visité l'Iran au cours des cinq dernières années est contraire à l'accord nucléaire avec les grandes puissances, a rapporté l'agence Isna.

« Cette loi affectera certainement les échanges économiques, touristiques, scientifiques et culturels de l'Iran et elle est en contradiction avec l'accord nucléaire », a déclaré Abbas Araghchi, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères.

Les touristes de 38 pays, dont 30 en Europe, ne pourront plus entrer sans visa aux États-Unis s'ils sont allés récemment en Irak, Syrie, Soudan ou en Iran, selon une loi adoptée vendredi par le Congrès américain et promulguée par le président Barack Obama.

La mesure fait partie de la grande loi budgétaire américaine. Ceux qui ont la double nationalité avec ces quatre pays sont aussi concernés par ce durcissement des conditions d'entrée sur le territoire américain.

L'ambassadeur de l'Union européenne à Washington a dénoncé une loi « discriminatoire », sans effet sur la sécurité, alors que le programme d'exemption de visas garantit déjà des bonnes pratiques sécuritaires entre pays partenaires, et le partage de bases de données judiciaires et terroristes.

Concrètement, les ressortissants concernés des 38 pays partenaires (30 en Europe, plus le Japon, l'Australie, le Chili, etc.) ne pourront plus prendre l'avion vers les États-Unis sans avoir obtenu préalablement un visa auprès d'un consulat américain, rejoignant ainsi le lot des citoyens chinois, brésiliens ou polonais.

M. Araghchi a affirmé que des consultations avaient été menées avec les pays européens pour contrer cette loi.

« Si cette loi entre en application, nous allons présenter une requête à la commission conjointe [prévue par l'accord nucléaire, NDLR] car la loi est contraire » au texte, a déclaré M. Araghchi.

L'accord nucléaire conclu en juillet dernier entre l'Iran et les grandes puissances (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) prévoit une limitation du programme nucléaire iranien contre une levée partielle et réversible des sanctions internationales.

La levée des sanctions internationales doit intervenir d'ici fin janvier après que l'Iran aura accompli ses propres engagements pour limiter son programme nucléaire.

Ces derniers jours, de nombreux responsables et acteurs de la société civile iranienne ont critiqué la loi américaine qui complique les relations entre l'Iran et le reste du monde.