Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargé d'enquêter sur le programme nucléaire iranien, s'est félicité de «progrès significatifs», au lendemain de sa première visite en Iran depuis l'accord historique entre Téhéran et les grandes puissances.

«Des progrès significatifs ont été accomplis» mais il reste «beaucoup de travail» à accomplir «au cours des semaines à venir», a déclaré à Vienne, siège de l'agence onusienne, son directeur général, le Japonais Yukia Amano.

Son enquête vise entre autres à déterminer si l'Iran a cherché ou non à développer un programme nucléaire militaire par le passé, jusqu'en 2003.

Parallèlement, Téhéran a annoncé avoir remis à l'AIEA des «échantillons prélevés» sur le site militaire suspect de Parchin, mais sans la présence d'inspecteurs de l'Agence. Situé à l'est de Téhéran, ce site est soupçonné d'avoir abrité des tests d'explosions conventionnelles applicables au nucléaire, ce que la République islamique a toujours démenti.

«La semaine dernière, des échantillons ont été prélevés dans plusieurs endroits précis de Parchin par des experts iraniens sans la présence des inspecteurs de l'AIEA, dans le respect des règles et des normes requises, et leur ont été remis», a déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).

M. Amano a également affirmé que «dans le cas de Parchin, la partie iranienne a pris part au prélèvement d'échantillons», tout en ajoutant que l'AIEA pouvait «confirmer l'intégrité de la procédure du prélèvement et l'authenticité des échantillons».

Il a ajouté que les inspecteurs de l'agence de l'ONU allaient maintenant les «analyser» et que cela prendrait plusieurs semaines.

Les États-Unis, signataires le 14 juillet de l'accord historique international sur le nucléaire iranien, se sont satisfaits de la remise d'échantillons du site de Parchin, sans critiquer l'absence des inspecteurs de l'AIEA: «Nous n'avons pas de problème avec un processus mené en conformité avec les procédures normales et avec l'accord déjà conclu entre l'AIEA et l'Iran», a commenté le porte-parole du département d'État John Kirby.

Documents trafiqués

D'après des médias américains, des travaux suspects se sont récemment déroulés dans le secteur du site de Parchin. Mais, selon le porte-parole de l'OIEA, il s'agissait de travaux de «réfection d'une route» inondée sur laquelle a pu se rendre M. Amano.

Le directeur général de l'AIEA a précisé qu'il avait également pu visiter un bâtiment sur le site de Parchin où des «travaux de rénovation récents» ont été menés mais à l'intérieur duquel il n'y avait «aucun équipement». «Jusque-là, nous pouvions seulement l'observer à l'aide d'images satellitaires», a précisé M. Amano.

L'Iran refusait jusqu'alors à l'AIEA l'accès à cette base, mettant en avant sa nature militaire et soulignant que l'agence onusienne y avait déjà conduit des inspections en 2005 qui n'avaient rien donné.

L'AIEA et les grandes puissances cherchent à faire la lumière sur la «possible dimension militaire» du programme nucléaire iranien jusqu'en 2003 au moins. Téhéran a toujours nié les allégations en ce sens, affirmant que ces soupçons reposaient sur des documents trafiqués.

L'Agence doit rendre, le 15 décembre, un rapport destiné à lever toutes les zones d'ombre planant encore sur le dossier, une étape qui conditionne une future levée des sanctions internationales frappant l'Iran, prévue en juillet par l'accord nucléaire de Vienne.

Téhéran a toujours nié les allégations en ce sens, affirmant que ces soupçons reposaient sur des documents trafiqués.

L'Iran «a accompli un important pas dans le cadre de la feuille de route avec l'AIEA pour mettre fin au dossier des accusations des pays occidentaux» à propos du programme nucléaire iranien et sa «possible dimension militaire», a écrit sur son compte Instagram l'un des principaux négociateurs iraniens, Hamid Baïdinejad.