Barack Obama a vigoureusement défendu mercredi l'accord sur le nucléaire iranien, mettant au défi ceux qui s'y opposent, en Israël et au Congrès américain, de proposer une solution pour empêcher la République islamique de fabriquer une bombe atomique.

«Il n'y a en réalité que deux alternatives: soit la voie diplomatique, soit la force, c'est-à-dire la guerre», a lancé le président américain au lendemain de la conclusion d'un accord historique en Autriche entre Téhéran et le «5+1» (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) au terme de 22 mois de négociations.

Accusé par ses détracteurs d'avoir voulu conclure un accord à tout prix à 18 mois de son départ de la Maison Blanche, M. Obama a longuement justifié son approche, parfois de façon un peu confuse, au moment où les États-Unis soumettaient au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution entérinant le texte de Vienne.

Presque unanimement salué par la presse iranienne, qui s'est réjouie de la «révolution diplomatique du 14 juillet 2015», l'accord a été fêté dans les rues de Téhéran où Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a été célébré en héros.

L'accord doit rendre quasiment impossible que l'Iran fabrique une bombe atomique, tout en lui assurant le droit de développer une filière nucléaire civile.

En échange, la République islamique bénéficiera d'une progressive levée des sanctions adoptées depuis 2006 par les États-Unis, l'Union européenne et l'ONU, et qui brident son économie.

Soucieux de rassurer ses alliés dans la région - Israël, mais aussi les monarchies sunnites du Golfe - qui s'inquiètent de la montée en puissance de leur puissant voisin chiite, M. Obama a promis la vigilance.

«L'Iran continue de représenter un défi pour nos intérêts et nos valeurs», a-t-il martelé, évoquant «le soutien iranien au terrorisme» ou encore le financement d'organisations comme le Hezbollah.

Mais le président américain a aussi souligné que l'Iran avait un rôle important à jouer dans la zone, en particulier en Syrie.

La situation dans ce pays, où le conflit a fait plus de 230.000 morts depuis début 2011, est «très chaotique, il y a trop de factions, il y a trop d'argent et d'armes qui inondent la zone», a-t-il relevé, jugeant qu'il n'y aurait pas d'issue au conflit sans une réelle implication de la Russie, de la Turquie, des monarchies du Golfe et de l'Iran.

Lors d'un entretien téléphonique, M. Obama a d'ailleurs remercié son homologue russe Vladimir Poutine pour le rôle important joué par la Russie dans ces négociations marathon. Les deux dirigeants «ont exprimé le désir de travailler ensemble pour réduire les tensions régionales, en particulier en Syrie», a indiqué l'exécutif américain.

Raul Castro salue l'accord 

L'accord conclu à Vienne devrait permettre à la République islamique de sortir rapidement de son isolement diplomatique.

Téhéran s'attend à recevoir dans les mois à venir de nombreux responsables politiques et hommes d'affaires attirés par les richesses en gaz et en pétrole de ce pays de 78 millions d'habitants après cet accord salué par une grande partie de la communauté internationale.

L'Allemagne n'a pas perdu de temps et d'ores et déjà annoncé que son ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel, se rendrait en Iran dimanche avec une délégation d'hommes d'affaires et de scientifiques.

Londres a annoncé vouloir rouvrir son ambassade à Téhéran avant la fin de l'année. Et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a évoqué une prochaine visite en Iran.

Mais en Israël, ennemi juré de l'Iran qui ne reconnaît pas son existence, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a dénoncé une «erreur historique pour le monde».

Ce dernier apparaît déterminé à mener la bataille sur le front du Congrès américain, où il espère mobiliser suffisamment d'élus pour bloquer la levée des sanctions économiques américaines contre l'Iran. Mais ses chances d'y parvenir sont cependant faibles et il devrait surtout, selon des commentateurs israéliens, essayer d'obtenir des «compensations» militaires américaines.

Assurant que «99% de la communauté internationale et la majorité des experts du nucléaire» estimaient que cet accord empêcherait l'Iran d'avoir la bombe nucléaire, le président américain a ironisé sur le manque de propositions de ses détracteurs: «Je n'ai rien entendu jusqu'ici».

Le président cubain Raul Castro, qui s'est engagé avec le président américain dans un rapprochement historique entre La Havane et Washington, a lui aussi salué mercredi un accord «qui démontre que le dialogue et la négociation sont l'unique outil efficace pour régler les différends entre les États».

PHOTO AFP

Sigmar Gabriel