Le négociateur en chef russe, Sergueï Riabkov, a déclaré jeudi soir qu'un accord sur le nucléaire iranien était attendu «dans les jours qui viennent» dans ce dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.

«Je ne peux pas prédire combien d'heures il faudra pour résoudre cette affaire. Mais chaque partie est d'avis que le dossier sera résolu dans les jours qui viennent, sans recourir à de nouveaux délais ou à des alternatives dangereuses», a déclaré M. Riabkov, selon l'agence de presse russe TASS.

Le document sur lequel travaillent l'Iran et les puissances du P5+1 (États-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) pour atteindre un accord est «prêt à 91%», a encore assuré le vice-ministre russe des Affaires étrangères.

Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, avait estimé qu'il existait une «forte possibilité d'accord». À condition toutefois que toutes les parties consentent à «faire des efforts dans le bon sens», ce qui suggère de douloureux arbitrages politiques de part et d'autre.

Motif d'optimisme : la visite à Téhéran jeudi de Yukiya Amano, le patron de l'Agence internationale de l'Énergie atomique (AIEA), l'autorité nucléaire des Nations unies, qui serait appelée jouer un rôle majeur en cas d'accord, a été qualifiée d'«utile et positive» par les autorités iraniennes.

Le ballet diplomatique devait se ralentir d'ici à la fin du week-end dans la capitale autrichienne, les deux principaux protagonistes -l'Américain John Kerry et l'Iranien Mohammad Javad Zarif- y poursuivant toutefois leurs entretiens.

Jeudi, les ténors chinois, français, allemand et britannique ainsi que la Haute représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini se sont succédé au palais Coburg.

Avant de partir pour Paris, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a précisé qu'il entendait retourner dans la capitale autrichienne dimanche soir, dans l'espoir d'arriver à «une solution définitive». Mme Mogherini devait également y être de retour à la fin du week-end.

«Il y a des choses qui ont avancé, mais nous ne sommes pas encore au bout de la négociation», a souligné M. Fabius.

Pas de percée

Les négociateurs se sont donné jusqu'au 7 juillet pour parvenir à un accord visant à s'assurer que le programme iranien ne puisse avoir de dimension militaire, en échange d'une levée des sanctions internationales qui frappent l'Iran.

Cette date n'est cependant pas gravée dans le marbre. La conclusion des négociations, accord ou pas, peut intervenir avant ou après le 7, soulignent les protagonistes.

«Nous n'y sommes pas encore», a relevé le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, se demandant si chaque partie aurait suffisamment de «courage et de «volonté» pour arracher un compromis.

«Je me dois d'espérer», a pour sa part confié aux journalistes un Mohammad Javad Zarif souriant, mais circonspect.

Car, comme l'a relevé le Britannique Philip Hammond, les négociateurs ne sont «pas encore arrivés» au point de faire «une percée» au sixième jour de la reprise officielle des négociations finales, et au terme de 20 mois de pourparlers soutenus.

Depuis samedi, les ministres des Affaires étrangères des pays du P5+1 et de l'Iran font des allers-retours dans la capitale autrichienne, à l'exception de l'Américain John Kerry qui est sur place en continu.

«Poursuite de la coopération»

Les discussions achoppent notamment sur la possibilité d'accès renforcé de l'AIEA à des sites suspects iraniens, notamment militaires -la «ligne rouge» à ne pas franchir pour le Guide Ali Khamenei- et la question de la possible dimension militaire passée du programme nucléaire iranien.

Sur ce point, la visite de M. Amano à Téhéran a abouti à «une entente générale sur le calendrier et la poursuite de la coopération pour accélérer le règlement des questions passées», s'est félicité l'ambassadeur d'Iran auprès de l'Agence, cité par l'agence de presse Irna.

Le président Hassan Rohani a lui-même estimé que, «concernant certaines questions qui restent ambigües, elles pourront être résolues dans un court laps de temps s'il y a la volonté nécessaire des deux côtés et si des questions non techniques ne sont pas incluses».

L'AIEA soupçonne Téhéran d'avoir réalisé des recherches au moins jusqu'en 2003 pour se doter de la bombe atomique -ce que dément l'Iran- et cherche à avoir accès aux scientifiques impliqués, ainsi qu'aux documents et sites qui pourraient avoir abrité ces recherches.

Un accord constituerait un succès majeur pour le gouvernement du président américain Barack Obama comme pour son homologue iranien Hassan Rohani.

Il marquerait aussi un renforcement de la position de la République islamique chiite sur les scènes régionale et internationale, une perspective qui inquiète les régimes sunnites de la région et Israël.

Le président russe Vladimir Poutine doit rencontrer M. Rohani à Oufa, en Russie, lors du sommet annuel de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), prévu du 9 au 10 juillet.