Les ministres des Affaires étrangères des grandes puissances et de l'Iran ont pour la plupart quitté Vienne dimanche soir, laissant leurs experts sur place et prévoyant de revenir au cours de la semaine pour prendre les décisions politiques finales concernant un accord sur le nucléaire.

À l'exception du secrétaire d'État américain John Kerry, qui doit rester dans la capitale autrichienne, les chefs de la diplomatie arrivés au cours du week-end à Vienne sont repartis dans la soirée, après avoir donné leurs instructions à leurs équipes respectives.

«Je dirais que la volonté politique est là. Je l'ai constatée chez toutes les parties», a déclaré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui chapeaute les négociations. «Nous avons chargé nos équipes de continuer à travailler dès ce soir sur les textes (...) et les ministres reviendront dans les prochains jours, dès que ce travail aura avancé, pour finaliser un accord», a-t-elle ajouté.

L'Iranien Mohammad Javad Zarif est ainsi parti pour Téhéran afin d'y avoir des consultations. «Nous avons toujours dit que si l'autre partie fait preuve de volonté politique il est possible d'avoir un accord global. Je suis certain de notre propre volonté politique et nous savons que la République islamique d'Iran, le Guide suprême, le président de la République et les autres responsables du pays veulent un accord respectable et durable», a-t-il déclaré avant son départ.

Le Français Laurent Fabius et le Britannique Philip Hammond ont également quitté la capitale autrichienne ; l'Allemand Frank Walter Steinmeier devait quant à lui partir lundi matin.

Pas de renégociation

Il est d'ores et déjà acquis que les discussions se prolongeront de quelques jours au-delà de la date butoir initialement fixée au 30 juin, en raison de l'importance de l'enjeu et des points de blocage persistants.

Les grandes puissances veulent s'assurer que l'Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions internationales qui asphyxient son économie depuis une décennie.

«Nous ne renégocions pas les choses», a assuré Mme Mogherini, martelant que l'accord préalable de Lausanne, conclu dans la douleur en avril dernier entre Téhéran et les grandes puissances, reposait sur des bases solides.

Mais «des décisions très difficiles vont devoir être prises», a prévenu le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond.

John Kerry et Mohammad Javad Zarif, les deux principaux protagonistes, en étaient convenus dès samedi : il reste «beaucoup» de pain sur la planche avant de parvenir à un accord.

Les grandes puissances exigent une limitation durable des capacités nucléaires iraniennes de recherche et de production, un retour automatique aux sanctions en cas de violation des engagements pris et des inspections «rigoureuses» des sites iraniens, «y compris militaires si nécessaire», comme l'a rappelé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Or, le Guide suprême Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire, a réitéré en début de semaine son refus de toute inspection des sites militaires, une «ligne rouge» non négociable selon lui.

M. Khamenei a également déclaré ne pas accepter de «limitations de longue durée» du programme nucléaire, alors que les grandes puissances souhaitent brider celui-ci pour au minimum 10 ans.

M. Zarif a de son côté rappelé la principale exigence iranienne : «la levée de toutes les sanctions».

Téhéran souhaite que celles-ci soient abandonnées dès la mise en oeuvre d'un accord, alors que les grandes puissances souhaitent qu'elles soient levées de manière progressive et réversible.

Un tel accord serait le premier pas d'une possible réconciliation entre l'Iran et les États-Unis, brouillés depuis 35 ans. Il marquerait aussi un retour sur la scène internationale de la République islamique chiite, ce qui effraie les puissances sunnites de la région et Israël.

Un règlement du dossier aurait également un impact sur le marché mondial de l'énergie, en libérant les immenses réserves iraniennes d'hydrocarbures.