Israël a présenté lundi une série d'exigences qui rendraient un accord final sur le nucléaire iranien plus acceptable à ses yeux que l'accord d'étape annoncé la semaine passée si elles étaient satisfaites.

En présentant ces exigences, le ministre du Renseignement Youval Steinitz, un proche du premier ministre Benyamin Nétanyahou, a déclaré que les assurances du président Obama quant à la sécurité d'Israël ne suffisaient pas, que l'accord d'étape devait être radicalement modifié et que l'option de l'emploi de la force restait «sur la table» pour Israël.

Parmi les exigences israéliennes figure l'arrêt par l'Iran de toute recherche et développement sur des centrifugeuses modernes. M. Steinitz s'est inquiété que Téhéran, s'il est autorisé à mener ces recherches, se retrouve en mesure de produire suffisamment d'uranium hautement enrichi pour une bombe atomique en trois ou quatre mois.

Il a également cité: une réduction du nombre de centrifugeuses opérationnelles que l'Iran conserverait; la fermeture du site souterrain d'enrichissement de Fordo; le transfert hors d'Iran des stocks d'uranium faiblement enrichi déjà produit; la possibilité pour les inspecteurs internationaux qui veilleraient à l'application de l'accord d'aller «partout à tout moment»; l'exigence que l'Iran fasse la lumière sur toutes ses activités nucléaires passées suspectes d'avoir eu une dimension militaire.

Avec cette petite dizaine de modifications au total, «cela ne sera pas un bon accord, cela sera un accord plus raisonnable», a-t-il dit à quelques journalistes.

Israël est le plus farouche détracteur de l'accord cadre conclu la semaine passée à Lausanne entre l'Iran d'une part, et son grand allié américain et cinq autres puissances d'autre part.

«L'analyse exhaustive (qu'a conduite Israël) de l'accord cadre de Lausanne révèle la portée des concessions irresponsables faites à l'Iran», a dit M. Steinitz.

Le ministre a dit apprécier les assurances prodiguées dimanche par M. Obama quant au soutien américain à Israël en cas de menace, mais a ajouté qu'elles ne suffisaient pas.

Israël préfère une solution diplomatique, a-t-il dit. Mais l'option militaire «était sur la table, elle est toujours sur la table, et elle va rester sur la table», a-t-il déclaré.

«Si l'Iran fabrique des armes nucléaires, c'est une menace existentielle pour Israël. Personne ne peut nous dire que nous soutenir et nous aider suffit» face à une telle menace, a-t-il dit en faisant référence aux propos de M. Obama.

De même, si l'Iran, «pays numéro un pour le soutien et le parrainage des groupes terroristes», se sert de l'afflux financier provoqué par la levée des sanctions internationales pour armer les ennemis d'Israël comme le Hezbollah au Liban ou le Hamas à Gaza, «c'est très bien que les États-Unis nous aident (...) mais on est loin du compte, cela ne suffit pas», a-t-il dit.

Il a par ailleurs indiqué qu'Israël allait «intensifier (ses) efforts pour convaincre l'administration (américaine), le Congrès (américain), la Grande-Bretagne, la France, la Russie... de ne pas signer ce mauvais accord ou, du moins, de radicalement le modifier».

M. Steinitz a confirmé qu'une bonne part de l'effort diplomatique israélien viserait le Congrès, «qui compte au plus haut point ici».

De son côté, l'administration américaine, en froid avec Israël sur le dossier nucléaire iranien, a de nouveau critiqué lundi son allié. Selon l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne, «l'Iran va physiquement retirer quelque 13 000 centrifugeuses des sites nucléaires où elles se trouvent aujourd'hui», a insisté la porte-parole du département d'État Marie Harf. «Et pour être tout à fait précise, il faudrait bien plus de deux ans à l'Iran pour rebâtir ce qu'il possède aujourd'hui», a-t-elle ajouté.

La diplomate américaine a assuré que son gouvernement avait un dialogue permanent et au plus haut niveau avec Israël sur le nucléaire iranien.