Le secrétaire d'État américain John Kerry, a qualifié de «très dure» sa négociation, lundi à Vienne,  avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif pour tenter de débloquer les discussions sur le nucléaire.

«Nous sommes au milieu de pourparlers sur la prolifération nucléaire et pour freiner le programme de l'Iran, et je peux vous dire que c'est une négociation très dure», a déclaré M. Kerry à son équipe de l'ambassade américaine à Vienne.

Il avait eu dans la matinée une discussion de près de deux heures avec Mohammad Javad Zarif mais s'est borné à déclarer à la presse à l'issue de cette rencontre: «nous travaillons très dur».

MM. Kerry et Zarif et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton se sont ensuite rencontrés en fin de journée. À l'issue de cette trilatérale, le secrétaire d'Etat américain a répété: «Nous travaillons dur. Nous avons beaucoup de discussions sérieuses, cela a été une bonne réunion».

Aucune conférence de presse n'était prévue dans la soirée. Selon les médias égyptiens, M. Kerry est attendu mardi en Égypte pour discuter d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

«Choix cruciaux»

Le secrétaire d'État américain était arrivé dimanche d'une tournée asiatique dans la capitale autrichienne pour tenter de débloquer les négociations avec l'Iran à l'approche de la date butoir du 20 juillet, censée marquer la conclusion d'un accord définitif sur le programme nucléaire iranien.

Les ministres des Affaires étrangères allemand, français et britannique avaient également fait le déplacement dimanche, mais aucune percée n'avait été enregistrée à l'issue d'une après-midi de discussions.

L'étape viennoise de M. Kerry avait pour objectif d'exhorter les négociateurs iraniens à faire «des choix cruciaux», a rappelé un haut responsable du Département d'État.

Dimanche soir, M. Zarif avait déclaré, après une première rencontre avec son homologue américain, qu'il restait encore «sept jours difficiles de négociation» avant la date butoir du 20 juillet.

Le principal point d'achoppement de la négociation porte sur la capacité d'enrichissement d'uranium que réclame l'Iran.

Enrichi à un niveau élevé, l'uranium peut servir à fabriquer la bombe atomique. À un faible degré, il sert de combustible aux centrales nucléaires pour la production d'électricité.

Or la communauté internationale soupçonne Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que nie l'Iran qui assure que son programme nucléaire est à vocation strictement civile.

Les grandes puissances réclament de fermes garanties sur la nature du programme iranien en échange d'une levée des sanctions qui asphyxient l'économie du pays.

«La confiance doit aller dans les deux sens», a souligné dimanche le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter.

Assurant que l'Iran faisait «un effort sincère», il a dit «attendre la même chose» des négociateurs du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).

Un accord intérimaire conclu en novembre 2013 à Genève a permis un gel du programme iranien contre une levée très limitée des sanctions (de l'ordre de 7 milliards de dollars).

Cet accord d'étape, valide six mois, est censé avoir abouti à un accord définitif au 20 juillet. Les discussions peuvent cependant être reconduites avec l'accord des deux parties.

À six jours de la date butoir, l'incertitude reste donc totale.

Sans compter qu'Américains et Iraniens sont en outre soumis à de fortes pressions au plan intérieur, où les tenants de la ligne dure de chaque pays sont hostiles à un accord.

M. Zarif doit conclure un texte qui lui permette de garder la face vis-à-vis des faucons à Téhéran, tandis que Kerry est sous la pression du Congrès, qui va s'accentuer à l'approche des élections de mi-mandat prévues en novembre.