L'accord intérimaire sur le nucléaire iranien qui limite l'enrichissement d'uranium par Téhéran contre la levée de sanctions sera appliqué à compter du 20 janvier, ont annoncé dimanche Téhéran et Washington, première étape vers un accord global néanmoins «difficile à atteindre», selon Barack Obama.

Les parties «sont arrivées à la même interprétation de l'accord, et le premier pas sera mis en oeuvre le 20 janvier», a annoncé le négociateur iranien et vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, cité par l'agence officielle Irna.

Peu après, le président américain Barack Obama a confirmé la date, se félicitant de «cette importante avancée».

«Nous allons désormais nous concentrer sur le travail crucial visant à obtenir une résolution exhaustive qui prenne en compte nos inquiétudes relatives au programme nucléaire iranien», a-t-il déclaré dans un communiqué, soulignant qu'il ne se faisait «pas d'illusion sur la difficulté d'atteindre cet objectif».

La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui mène les négociations au nom des pays du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), a également salué le début d'une «application cohérente, solide et graduelle» de l'accord.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a lui salué «un pas important vers la résolution pacifique de la crise nucléaire iranienne».

A l'issue de discussions intenses, l'Iran et le 5+1 avaient conclu le 24 novembre un accord stipulant que Téhéran acceptait de geler pendant six mois ses activités nucléaires sensibles en échange d'une levée partielle des sanctions.

L'Iran s'engage notamment à limiter l'enrichissement d'uranium à 5%, à transformer son stock d'uranium à 20%, à geler ses activités dans les sites de Natanz et Fordo ainsi qu'au réacteur à eau lourde d'Arak, et à stopper l'installation de centrifugeuses - près de 18.000 actuellement - dans ces sites. L'accord doit faire l'objet d'une «surveillance accrue» de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le 5+1 doit en contrepartie lever ses sanctions sur l'automobile, l'aéronautique, et débloquer des avoirs financiers gelés.

Cette période de 6 mois doit permettre de démarrer des discussions sur un accord global sur le programme nucléaire iranien, qui réglerait une crise entre l'Iran et la communauté internationale de plus de dix ans.

La majorité des points de l'accord de Genève doit être appliquée dès le 20 janvier, excepté deux, a précisé M. Araghchi, cité par l'agence Isna.

Les 4,2 milliards de dollars d'avoirs iraniens seront graduellement débloqués sur une période de 180 jours. A Washington, on a indiqué qu'un premier versement de 550 millions de dollars aurait lieu début février.

L'Iran, pour sa part, transformera en six mois seulement la moitié de son stock d'uranium enrichi à 20%, actuellement de 196 kg. L'autre moitié devrait être transformée durant les six mois suivants, selon le négociateur qui a évoqué «des raisons techniques».

M. Araghchi a également assuré que les discussions concernant l'accord global débuteraient «deux ou trois semaines» après le 20 janvier.

Alors que le gouvernement est sous la pression des conservateurs hostiles aux concessions de Téhéran, M. Araghchi a souligné que l'accord serait annulé si les grandes puissances violaient leurs engagements, notamment en décidant d'instaurer de nouvelles sanctions. 

«Pas d'illusion» 

Côté américain, l'optimisme est resté mesuré. «Je ne me fais pas d'illusion sur la difficulté d'atteindre cet objectif (un accord définitif, ndlr), mais au nom de la sécurité nationale et de la paix et la sécurité dans le monde, il est temps de donner une chance à la diplomatie», a souligné Barack Obama.

Téhéran est soupçonné, malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.

A Téhéran, les dirigeants iraniens dénoncent les menaces du Congrès américain de voter des dispositions visant à renforcer les sanctions contre l'Iran en cas d'échec de la voie diplomatique.

Dans son communiqué, M. Obama a demandé aux parlementaires américains de ne pas s'engager dans cette voie en affirmant qu'il opposerait son veto «à toute loi mettant en place de nouvelles sanctions pendant les négociations».

Selon Alireza Nader, analyste politique au centre de réflexion américain Rand, le vote par le Sénat de nouvelles sanctions «pourrait affaiblir la position des États-Unis, qui seraient considérés comme les méchants».

Mais Danielle Pletka, du centre de réflexion American Enterprise Institute (conservateur), affirme à l'AFP ne voir dans cet accord «rien de plus rassurant, rien de nouveau (...) pour ceux qui cherchent des preuves vérifiable que le Iraniens ont abandonné leurs aspirations à avoir des armes nucléaires».