Le président des États-Unis Barack Obama, confronté aux critiques d'élus républicains et d'Israël, a défendu lundi le processus diplomatique avec l'Iran, après l'accord intérimaire conclu sur son programme nucléaire samedi.

«Parler comme un dur et fanfaronner est peut-être facile à faire d'un point de vue politique, mais ce n'est pas ce qu'il faut faire pour notre sécurité», a affirmé le dirigeant américain lors d'une intervention à San Francisco (Californie, ouest).

«Nous ne pouvons pas fermer la porte à la diplomatie, et nous ne pouvons pas écarter d'office des solutions pacifiques aux problèmes du monde», a-t-il ajouté alors que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué que l'Union européenne lèverait ses premières sanctions imposées à l'Iran «en décembre», une levée «limitée, ciblée et réversible» selon lui.

L'entourage de la diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton, qui a négocié avec l'Iran l'accord survenu ce week-end au nom du groupe des Six (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), s'est montré plus prudent que M. Fabius.

La prochaine réunion des ministre européens des Affaires étrangères «est prévue le 16 décembre». Mais «je ne peux pas vous dire» si la levée des sanctions sera décidée à cette occasion, «ça peut être en décembre, ça peut être en janvier, ça dépend du temps que prend le processus», a ajouté le porte-parole de Catherine Ashton, Michael Mann.

De son côté, Israël, qui a vivement reproché à la communauté internationale d'accepter que l'Iran enrichisse de l'uranium, est entré dans une séance d'explications avec son grand allié américain.

«J'ai parlé hier avec le président Obama et nous sommes convenus que dans les prochains jours une délégation conduite par le conseiller à la sécurité nationale Yossi Cohen se rende aux États-Unis pour discuter de l'accord final avec l'Iran», a déclaré au Parlement le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Dimanche, M. Nétanyahou, qui a parlé d'«erreur historique» et de «mauvais accord», avait déploré que l'Iran obtienne «des milliards de dollars sous la forme d'un assouplissement des sanctions sans avoir à payer le moindre prix».

M. Obama a promis de son côté lundi que les efforts diplomatiques se poursuivraient dans les mois à venir «dans le but de parvenir à une solution qui résolve définitivement la menace du programme nucléaire iranien».

«Si l'Iran saisit cette occasion et décide de rejoindre la communauté internationale, alors nous pourrons commencer à mettre fin à la méfiance qui existe depuis tant d'années entre nos deux pays», a-t-il espéré.

Son plaidoyer semblait aussi s'adresser au Congrès, où de nombreux parlementaires ont réagi avec scepticisme, voire hostilité, à l'accord.

Pétrole en baisse

Les sanctions, imposées à Téhéran à des degrés divers depuis une vingtaine d'années, touchent durement l'économie iranienne. Leur levée était le premier objectif des Iraniens dans les négociations avec les six grandes puissances.

Lundi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a souligné que «la structure du programme nucléaire de l'Iran avait été préservée lors des négociations» et que «celle des sanctions s'était effritée».

Pionniers dans l'imposition de sanctions contre le régime des mollahs, qu'ils ont mises en place dès les années 1990, les États-Unis, avec la Grande-Bretagne et la France, ont notamment ciblé le secteur pétrolier, vital au fonctionnement du pays.

La détente apparente a contribué à brièvement faire baisser à son plus bas niveau en cinq mois le cours du pétrole à New York lundi.

«Maintenant, la partie vraiment difficile commence», avait assuré dimanche soir le secrétaire d'État américain John Kerry. Selon lui, il faudra faire «un effort pour obtenir un accord complet qui demandera d'énormes engagements en termes de vérification, de transparence et de responsabilité».

L'accord conclu à Genève prévoit en particulier l'arrêt par l'Iran de l'enrichissement d'uranium à plus de 5% pendant 6 mois, la suspension des activités du réacteur à l'eau lourde d'Arak - qui pourrait produire du plutonium nécessaire à la fabrication d'une bombe nucléaire - et un accès accru des inspecteurs internationaux aux sites sensibles.

Les États-Unis, qui souhaitaient fortement comme l'Iran un accord sur le nucléaire, ont souligné que ce dernier «ne dit pas que l'Iran a le droit à l'enrichissement» d'uranium contrairement aux premières interprétations de Téhéran.

«La vigilance est dans les deux sens», a résumé lundi M. Fabius. «Tant que tout n'est pas réglé, rien n'est réglé», a-t-il insisté.

L'Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe, a prudemment accueilli l'accord sur le nucléaire iranien, estimant que Téhéran devait prouver sa «bonne volonté» pour rassurer ses voisins arabes. «Cet accord peut constituer un premier pas vers un règlement global du dossier du programme nucléaire iranien s'il y a de la bonne volonté», a affirmé le Conseil des ministres saoudiens.