Le président Barack Obama a appelé jeudi le Congrès américain à donner une chance à l'Iran de démontrer son sérieux dans le dossier nucléaire et à s'abstenir de voter de nouvelles sanctions dans l'immédiat.

Les négociations entre Téhéran et les puissances du groupe P5+1 sur le programme atomique de la République islamique n'ont pas abouti le 9 novembre à Genève, ville où elles doivent reprendre le 20 novembre.

Des élus américains des deux bords ont jugé que l'Iran n'avait pas fait preuve de sérieux, et appelé à renforcer les sanctions qui étouffent déjà l'économie du pays. Le secrétaire d'État John Kerry les avait déjà appelés à «calmer» le jeu mercredi.

Jeudi, M. Obama est à son tour monté au créneau. «Ce que j'ai dit aux membres du Congrès, c'est que si nous voulions vraiment régler cela diplomatiquement, il n'y avait pas de raison d'ajouter de nouvelles sanctions à celles existantes», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.

Ces sanctions «sont déjà très efficaces et ont conduit les Iraniens à négocier», a-t-il remarqué.

Continuant à dire que «toutes les options restaient sur la table» pour s'assurer que l'Iran ne développe pas d'arme nucléaire, le président a toutefois semblé manifester sa méfiance vis-à-vis d'une opération militaire.

«Peu importe les qualités de notre armée, l'option militaire est toujours complexe et difficile, et a toujours des conséquences imprévisibles», a-t-il prévenu. Il a aussi estimé qu'une guerre avec les Iraniens ne «nous assurerait pas qu'ils ne redoubleraient pas d'efforts ensuite pour obtenir des armes nucléaires à l'avenir».

Cherchant à convaincre des élus sceptiques, le dirigeant américain assuré qu'un accord tel qu'il s'est dessiné à Genève permettrait de retarder de «plusieurs mois» le programme nucléaire iranien, soupçonné par les États-Unis et leurs alliés d'avoir des visées militaires, ce que Téhéran dément.

L'AIEA note une pause

«Mais nous laisserions en place le coeur de ces sanctions, celles qui sont les plus efficaces et ont le plus d'impact sur l'économie iranienne, celles en particulier visant le secteur pétrolier, et celles visant le secteur bancaire et financier», a-t-il poursuivi.

«Cela nous offre la possibilité de voir à quel point ils sont sérieux et cela nous donne la garantie que si dans six mois il s'avère qu'ils ne le sont pas, nous pouvons remettre en place immédiatement ces autres sanctions», a expliqué M. Obama.

«En fin de compte, on ne perd rien s'ils ne veulent pas apporter à la communauté internationale les preuves nécessaires», a-t-il conclu.

Plus tôt jeudi, M. Kerry a révélé que les États-Unis envisageaient de débloquer une «minuscule» part des 45 milliards de dollars d'avoirs iraniens gelés dans des banques à travers le monde, afin d'espérer sceller un accord nucléaire avec Téhéran.

«Le coeur du régime des sanctions n'est pas vraiment atteint», a assuré M. Kerry dans un entretien à la télévision MSNBC, affirmant que «95% ou plus des sanctions actuelles resteront en place».

Mardi, la Maison-Blanche avait solennellement mis en garde le Congrès, en affirmant qu'en cas de nouvelles sanctions, les États-Unis prendraient le risque d'être engagés dans un conflit militaire avec l'Iran.

Les plaidoyers de MM. Obama et Kerry pourraient être renforcés par un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Celle-ci a affirmé jeudi que l'Iran avait fait une pause dans l'expansion de sa production et de ses sites nucléaires ces trois derniers mois, a priori un «choix» délibéré des autorités de Téhéran, selon un haut responsable familier des activités de l'AIEA.

Mark Fitzpatrick, du groupe de réflexion «International Institute for Strategic Studies», a remarqué que «c'est la première fois qu'un rapport trimestriel de l'AIEA ne montre pas une augmentation de la capacité d'enrichissement» nucléaire en Iran.

Pour cet expert, trois mois après l'arrivée du modéré Hassan Rohani à la présidence iranienne, «il s'agit clairement d'une mesure destinée à renforcer la confiance, qui répond à la retenue des États-Unis sur de nouvelles sanctions pour l'instant», et «démontre qu'il est possible de parvenir à un accord diplomatique pour geler les capacités» nucléaires du pays.