Le secrétaire d'État américain John Kerry a demandé une nouvelle fois mercredi aux élus du Congrès américain de ne pas renforcer les sanctions contre l'Iran afin de donner une chance aux négociations avec le groupe P5+1 sur le programme nucléaire iranien.

«Nous demandons à tout le monde de se calmer, de regarder de près ce qui peut être réalisé et ce qu'est la réalité», a déclaré le chef de la diplomatie américaine avant une réunion à huis clos avec les sénateurs membres de la commission bancaire, en demandant un délai de «quelques semaines».

«Si le Congrès imposait unilatéralement de nouvelles sanctions, cela pourrait rompre la foi dans les négociations, les arrêter et les faire voler en éclat», a-t-il dit aux journalistes.

Selon lui, le groupe P5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) est uni autour d'une proposition «dure». «Si elle n'était pas forte, pourquoi l'Iran ne l'aurait-elle pas déjà acceptée?» a-t-il demandé.

«Il y a une pause, car c'est une proposition dure», a martelé le diplomate. «Si cela ne marche pas, nous nous réservons le droit de renforcer les sanctions (...) et nous nous réservons toujours l'option militaire.»

John Kerry rencontrait mercredi les élus afin de les convaincre d'attendre avant de voter un nouveau volet de sanctions. La Chambre a adopté en juillet un projet de loi très dur, qui mettrait par exemple sur une liste noire toute la filière automobile iranienne, et c'est au tour du Sénat d'élaborer son projet, avant une éventuelle harmonisation des deux versions.

Mais plusieurs élus, démocrates et républicains, ont fait part de leur scepticisme face aux arguments employés par l'administration.

«Je n'ai pas décidé», a dit Tim Johnson, le président démocrate de la commission bancaire, d'où un éventuel projet de sanctions doit sortir.

«C'était un appel fondé sur l'émotion», a expliqué le républicain Bob Corker. «Je suis très déçu de la présentation. Elle manquait de contenu». Selon lui, l'offre soumise à Téhéran n'a pas été détaillée aux sénateurs.

«Aujourd'hui est le jour où j'ai vu un avenir de guerre nucléaire au Moyen-Orient», a déclaré le républicain Mark Kirk, l'un des plus fervents partisans de sanctions. «Cette administration, comme Neville Chamberlain, ouvre la voie à un grand conflit sanglant au Moyen-Orient», a-t-il ajouté en référence au premier ministre britannique à l'époque des accords de Munich, en 1938.

Selon le républicain John McCain, partisan de nouvelles sanctions, «toute cette séquence de négociations est un fiasco, elle permet aux Iraniens de continuer leur enrichissement» d'uranium.

Les négociations entre Téhéran et les puissances du groupe P5+1 ont échoué le 9 novembre à Genève à produire un accord. Elles reprendront le 20 novembre dans la ville suisse.