Après des discussions «complexes» sur une proposition de l'Iran visant à donner des garanties sur son programme nucléaire controversé contre un assouplissement de sanctions économiques, les négociateurs ont prudemment évoqué des «progrès», le chef de la diplomatie iranienne parlant d'un accord «possible» vendredi.

«Nous faisons des progrès», a affirmé en début de soirée Michael Mann, le porte-parole de la diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton.

«Vraiment la balle est dans leur camp», avait-il dit un peu plus tôt à propos des négociateurs iraniens. Aucune annonce n'était attendue dans la soirée du côté des négociateurs de l'Union Européenne, qui président les travaux sur mandat de l'ONU. Les consultations doivent se poursuivre vendredi à Genève.

Pour sa part le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, interrogé par CNN, a jugé jeudi qu'un accord était possible avant de clore vendredi les discussions.

«Je pense qu'il est possible de parvenir à s'entendre ou à un accord avant de clore les discussions demain soir», a-t-il dit. «Cette sorte de déclaration commune traiterait des préoccupations les plus immédiates qui ont été soulevées», selon M. Zarif.

Il par ailleurs exclu de stopper l'enrichissement d'uranium «dans son ensemble». «Il n'y aura pas de suspension de l'enrichissement dans son ensemble mais nous pouvons traiter différentes questions qui sont sur la table», a affirmé le chef de la diplomatie iranienne.

Les 19 000 centrifugeuses installées par l'Iran lui permettent divers niveaux d'enrichissement, notamment à 20%, étape qui peut permettre ensuite rapidement un enrichissement à 90% nécessaire pour la fabrication d'une arme nucléaire.

Il a rappelé que l'Iran, en réponse aux exigences de la communauté internationale, avait suspendu l'enrichissement d'uranium de 2003 à 2005 sans obtenir de «résultats positifs».

M. Zarif a refusé d'entrer dans les détails de la discussion «qui doivent se mener à la table de négociation». «Nous sommes à une étape très délicate», a-t-il dit. Avec l'élection du président Hassan Rouhani, considéré comme relativement modéré, «il y a une occasion maintenant qui a été créée par le peuple iranien (...) et cette opportunité doit être saisie», a souligné le ministre.

Interpellé sur de nouvelles critiques du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qualifiant par avance  «d'erreur d'ampleur historique» toute adoption de la proposition iranienne, le porte-parole de l'UE a souligné: «notre mandat est clair, traiter du programme nucléaire iranien, aboutir à un accord, un bon accord, un accord indiscutable qui soit bon pour tous, qui lève les préoccupations de la communauté internationale quant à la nature de ce programme».

M. Mann a rappelé que, sur mandat de l'ONU, l'UE parle au nom des six puissances impliquées dans les discussions, les cinq membres du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) plus l'Allemagne.

Le chef des négociateurs iraniens Abbas Araghchi a indiqué qu'ils «commenceraient vendredi à rédiger un protocole d'accord entre l'Iran et le groupe 5+1». «Il n'est pas clair combien de temps cela prendra. Il est trop tôt pour porter un jugement mais j'ai plus d'espoir qu'avant les négociations», a-t-il dit à la presse iranienne.

Pour  la presse iranienne, M. Araghchi a affirmé que «la suspension de l'enrichissement est notre ligne rouge». «L'enrichissement, c'est certain, va continuer en Iran», a ajouté M. Araghchi, cité par l'agence Isna.

Les négociateurs de l'Iran et des 5+1 se retrouvent pour essayer de sortir de près de dix ans de confrontation sur ce programme nucléaire, soupçonné par les Occidentaux, de donner à Téhéran la capacité de produire l'arme nucléaire.

Au cas où un premier accord partiel serait trouvé, il y aurait un assouplissement «limité, ciblé et réversible» de sanctions qui pèsent lourdement sur l'économie iranienne, avait indiqué mercredi un responsable américain. Cela ne concernerait toutefois pas le noyau dur de ces sanctions, celles visant les transactions bancaires et les ventes de pétrole.

«Cette proposition permettrait à l'Iran de conserver la capacité de fabriquer des armes nucléaires. Israël y est totalement opposé», a déclaré jeudi M. Netanyahu lors d'une conférence d'institutions juives internationales.

«Je crois que l'accepter est une erreur d'ampleur historique. On doit la rejeter immédiatement», a-t-il ajouté, en réaffirmant qu'Israël «se réserve toujours le droit de se défendre lui-même, par ses propres moyens, contre toute menace».

La Maison-Blanche a assuré jeudi que les États-Unis et Israël partageaient le même «objectif» dans les négociations actuelles sur le nucléaire iranien, après le signal d'alarme de M. Netanyahu.

«Il n'y a aucune divergence entre Israël et les États-Unis, entre le président (Barack Obama) et le premier ministre, sur l'objectif d'empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire», a déclaré le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney.

Israël appelle à rejeter la proposition iranienne

Les dirigeants israéliens ont exhorté jeudi les puissances occidentales à rejeter la proposition nucléaire iranienne discutée à Genève qui serait à leurs yeux «une «erreur historique».

«Cette proposition permettrait à l'Iran de conserver la capacité de fabriquer des armes nucléaires. Israël y est totalement opposé», a affirmé le premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une conférence d'institutions juives internationales.

«Je crois que l'accepter est une erreur d'ampleur historique. On doit la rejeter immédiatement», a estimé M. Netanyahu, en réaffirmant qu'Israël «se réserve toujours le droit de se défendre lui-même, par ses propres moyens, contre toute menace».

L'Iran et le groupe des 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Allemagne) se sont retrouvés jeudi à Genève pour négocier les termes d'un accord sur la question nucléaire.

Au coeur de ces discussions «extrêmement complexes», figure une proposition iranienne en échange d'un assouplissement des sanctions économiques occidentales, selon les négociateurs.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, interrogé par CNN, a jugé jeudi qu'un accord était possible avant de clore vendredi soir les discussions en cours à Genève. M. Zarif a toutefois exclu de stopper l'enrichissement d'uranium «dans son ensemble». «Il n'y aura pas de suspension de l'enrichissement dans son ensemble, mais nous pouvons traiter différentes questions qui sont sur la table», a affirmé le chef de la diplomatie iranienne.

Dès la veille de l'ouverture des négociations à Genève, Israël avait appelé les grandes puissances à repousser la proposition de l'Iran.

«Au cours des dernières heures, Israël a appris qu'une proposition allait être faite aux 5+1 à Genève dans laquelle l'Iran cessera toutes ses activités d'enrichissement (d'uranium) à 20% et ralentira ses travaux sur le réacteur à eau lourde d'Arak, en échange d'un allègement des sanctions», avait déclaré un responsable israélien à l'AFP.

«Israël pense que c'est un mauvais accord et va s'y opposer fermement», a ajouté ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Mercredi, un haut responsable américain avait indiqué que les États-Unis étaient prêts à proposer à l'Iran un allègement restreint des sanctions si Téhéran acceptait un «premier pas» non précisé.

Jeudi, le ministre israélien de la Défense Moshé Ya'alon a argué que «si les sanctions sont levées avant que les Iraniens renoncent à leur programme nucléaire, ils feront tout le chemin jusqu'à la bombe en chantant».

«Je souhaite que ceux qui veulent empêcher l'usage de la force contre l'Iran mèneront une diplomatie sans faille pour faire plier le régime (de Téhéran)», a plaidé M. Ya'alon.

Mais son collègue des Relations internationales et Affaires stratégiques, Youval Steinitz, a fait part de ses inquiétudes après avoir rencontré récemment des diplomates européens.

«Ils (les représentants européens) nous comprennent parfaitement. Mais en même temps, on peut voir çà et là un désir de parvenir à un règlement rapide, même s'il s'agit d'un mauvais accord. Ce serait une erreur», a déploré M. Steinitz, interrogé par la radio militaire.

Israël, considéré comme la seule puissance atomique de la région, et les grandes puissances soupçonnent l'Iran de dissimuler un volet militaire derrière son programme nucléaire civil, malgré les démentis de Téhéran.

Fin octobre, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, a déclaré que son pays poursuivait normalement l'enrichissement d'uranium à 20% et qu'aucun arrêt n'était intervenu, démentant les propos d'un député qui avait évoqué la suspension de l'enrichissement à 20%.

L'enrichissement d'uranium par l'Iran est au coeur des inquiétudes des pays occidentaux et d'Israël, qui craignent que l'uranium enrichi à 20% soit utilisé pour obtenir de l'uranium à 90% pour un usage militaire.