La rencontre entre l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'Iran, lundi et mardi à Vienne, a permis des avancées sur la question du programme nucléaire iranien, permettant d'envisager les prochaines négociations avec un certain optimisme.

La réunion au siège de l'AIEA a été «très productive», selon les termes du nouveau chef des inspecteurs de l'Agence, le Finlandais Tero Varjoranta, et l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Reza Najafi, qui se sont exprimés dans une rare déclaration commune.

«À la suite de discussions substantielles, il a été décidé qu'une nouvelle réunion se tiendrait le 11 novembre à Téhéran pour poursuivre cette coopération», ont encore indiqué les deux parties.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que Téhéran dément. L'AIEA, qui enquête sur le nucléaire iranien depuis plus d'une décennie, souhaite «résoudre les questions en suspens» et peine à exclure une dimension militaire du programme, faute, selon elle, de coopération du régime islamique.

Mais à Vienne, l'Iran a mis une nouvelle proposition sur la table, avec des mesures concrètes pour favoriser les relations. L'AIEA y a vu «une contribution constructive pour renforcer la coopération et le dialogue en vue de la future résolution de toutes les questions en suspens», selon la déclaration commune des deux parties.

Le ton des négociations entre le gendarme du nucléaire et la République islamique a changé avec l'arrivée au pouvoir à Téhéran en août du président modéré Hassan Rohani et d'une nouvelle équipe diplomatique. Et la dernière réunion à Vienne a été un indice supplémentaire que l'Iran cherche à apaiser les inquiétudes de la communauté internationale au sujet de son programme nucléaire.

«Nouveau chapitre»

«Je pense qu'avec la soumission de cette nouvelle proposition, nous avons pu ouvrir un nouveau chapitre de coopération» entre l'Iran et l'AIEA, a déclaré M. Najafi à l'issue de la réunion mardi.

«Le but final sera la résolution de toutes les questions en suspens», a-t-il encore dit.

La veille, le négociateur en chef iranien et vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait rencontré le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano et avait abondé dans le même sens : «Nous pensons qu'il est temps d'adopter une nouvelle approche pour résoudre les questions entre l'Iran et l'AIEA».

Fin septembre, Hassan Rohani avait contacté par téléphone le président américain Barack Obama, une première depuis la Révolution islamique de 1979. De plus, les chefs de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et américaine, John Kerry, se sont rencontrés au cours de la dernière Assemblée générale des Nations unies fin septembre à New York.

Il s'agissait lundi et mardi de la 12e réunion de ce type entre l'AIEA et l'Iran depuis un sévère rapport de l'Agence, en novembre 2011. Les dix premières, entre début 2012 et mai 2013, n'avaient rien donné, alors que la onzième, qui s'est tenue le 27 septembre dernier, avait été jugée «très constructive» par l'AIEA.

Une avancée dans les négociations avec l'agence onusienne semble essentielle pour que Téhéran puisse espérer une levée des sanctions internationales, qui affectent durement la vie économique et sociale du pays.

«L'Iran ne pourra pas atteindre cet objectif sans répondre» aux demandes de l'AIEA, a expliqué à l'AFP avant les discussions Mark Hibbs, analyste du groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.

Les activités nucléaires de l'Iran sont encore au programme d'une autre réunion à Vienne mercredi et jeudi entre experts iraniens et des puissances du groupe «5+1» (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne - plus l'Allemagne). Elle doit préparer celle de Genève, entre représentants des mêmes pays à plus haut niveau les 7 et 8 novembre.