L'Iran a affiché lundi, à l'ONU, sa volonté de dialogue sur le dossier nucléaire avec les grandes puissances, au premier rang desquels les États-Unis, acceptant une rencontre ministérielle sans précédent.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran, sous couvert d'un programme nucléaire civil, de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, rencontrera jeudi ses homologues du «P5+1» -États-Unis, France, Allemagne, Russie, Chine, Royaume-Uni -, a annoncé la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

La rencontre entre MM. Kerry et Zarif sera la première à ce niveau dans le cadre des négociations sur le nucléaire entre la république islamique et les pays occidentaux.

La Maison Blanche n'a pas exclu une rencontre entre les présidents Barack Obama et Hassan Rohani.

Les deux dirigeants doivent s'exprimer mardi, à quelques heures d'intervalle, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU où se succèderont plus de 130 chefs d'État et de gouvernement durant une dizaine de jours.

«Nous sommes ouverts aux contacts avec le gouvernement iranien à plusieurs niveaux, si (les Iraniens) remplissent leurs obligations de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur leur programme nucléaire», a déclaré le conseiller adjoint de sécurité nationale américain, Ben Rhodes dans l'avion Air Force One transportant M. Obama entre Washington et New York.

M. Rhodes, interrogé sur une possible rencontre «fortuite» entre MM. Obama et Rohani, qui serait une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l'Iran dans la foulée de la révolution islamique de 1979, a répondu: «Je ne pense pas que quoi que ce soit se produirait fortuitement».

Hassan Rohani doit rencontrer mardi le président français François Hollande.

Le nouveau gouvernement de Téhéran a adopté un ton conciliant, à rebours du prédécesseur de M. Rohani, Mahmoud Ahmadinejad.

Depuis que M. Rohani, élu avec le soutien des réformateurs, a pris ses fonctions le mois dernier, il a multiplié les déclarations apaisantes vis-à-vis de l'Occident, mais la Maison Blanche a affirmé cette semaine que de tels discours n'étaient pas suffisants, et a demandé des actes.

Dimanche, M. Rohani a réaffirmé que son pays ne cherchait pas à fabriquer la bombe nucléaire. Mais il a redit que l'Iran avait le droit de posséder la technologie nucléaire, et notamment d'enrichir l'uranium sur son sol, une question au centre des inquiétudes des Occidentaux.

Annonçant la participation de M. Zarif à la réunion dite 5+1, Mme Ashton a qualifié sa rencontre avec le ministre iranien de «bonne et constructive».

«J'ai été frappée par l'énergie et la détermination du ministre», a-t-elle déclaré, soulignant cependant qu'il y avait «énormément de travail à faire».

«Offensive de charme»

La réunion de jeudi «donnera une indication sur le sérieux» des intentions iraniennes, a indiqué de son côté un responsable du département d'État. Elle montrera si les Iraniens «viennent avec des propositions nouvelles ou si leur offensive de charme est de pure forme».

Parallèlement à l'Assemblée, les grandes puissances vont poursuivre en coulisses des négociations sur la crise majeure du moment: la guerre en Syrie, qui a fait 110 000 morts depuis mars 2011.

Washington, Paris et Londres d'un côté et Moscou de l'autre s'opposent depuis 10 jours sur les moyens d'appliquer un plan pour éliminer les armes chimiques que Damas est accusé par les Occidentaux d'avoir utilisées contre sa population.

Dimanche le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé les États-Unis d'exercer un «chantage» sur la Russie afin qu'elle accepte une résolution contraignante pour son allié syrien.

Selon plusieurs diplomates, les négociations entre Américains et Russes sont dans l'impasse.

L'adoption de cette résolution bute sur l'inscription ou non du texte sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui permet d'envisager des mesures coercitives.

«Les détails sur la manière de procéder au désarmement font grosso modo l'objet d'un accord mais tout bute sur les moyens de le faire appliquer», a expliqué à l'AFP un diplomate à l'ONU. Dans ces conditions, a-t-il ajouté, «un vote au Conseil de sécurité cette semaine semble improbable».

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a cependant estimé lundi possible de parvenir cette semaine à une résolution de l'ONU encadrant le désarmement chimique en Syrie, malgré les fortes objections russes.

La journée de lundi a été par ailleurs consacrée à des discussions sur les moyens de ramener la paix en République démocratique du Congo (RDC).

Dans l'est de la RDC riche en ressources minières s'affrontent l'armée congolaise, soutenue par les Casques bleus de la Monusco (Mission de l'ONU), et les rebelles du mouvement M23. Les civils, chassés de leurs foyers et victimes d'exactions, sont les principales victimes de ces combats. Les rebelles ont reculé fin août mais continuent de menacer Goma, la capitale provinciale.

L'émissaire de l'ONU pour les Grands lacs Mary Robinson a réuni lundi des ministres des grandes puissances et des pays de la région, qui avaient signé en février à Addis Abeba un accord-cadre censé pacifier la RDC. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon les a invité à appliquer cet accord et a appelé les pays donateurs à se montrer plus généreux.