Derrière la valse diplomatique entourant la crise en Syrie se cache un autre dossier qui y est inextricablement lié: celui des ambitions nucléaires de l'Iran.

La question fera l'objet de discussions la semaine prochaine devant l'Assemblée générale des Nations unies, mais Washington et Téhéran multiplient déjà les déclarations.

Aucun doute possible: la vieille question des ambitions nucléaires de l'Iran refait surface. Hier, les autorités iraniennes sont montées au front pour dénoncer ce qu'elles ont appelé le «langage de la menace» de Barack Obama.

«J'ai le sentiment que les Iraniens ont bien compris que ce n'est pas parce que nous n'avons pas frappé [la Syrie] que nous ne frapperons pas l'Iran», a dit le président américain le week-end dernier.

«Les États-Unis utilisent toujours le langage de la menace contre l'Iran. Nous leur avons dit de le remplacer par celui du respect», a répliqué la porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Marzieh Afkham.

Barack Obama a confirmé hier avoir eu des échanges au sujet de la question nucléaire avec le nouveau président iranien, Hassan Rohani. Le sujet doit être abordé en marge des réunions de l'Assemblée générale des Nations unies, qui débute la semaine prochaine à New York.

L'espoir du changement

Les flèches lancées hier par l'Iran contrastent avec les gestes d'ouverture des derniers jours. Élu en juin, le nouveau président de l'Iran, Hassan Rohani, est considéré comme beaucoup plus modéré que son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad.

«Cette fois, nous arrivons avec un désir plus étoffé pour ça», a dit le nouveau chef de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, à propos d'une résolution pacifique du dossier.

«Je crois que l'Iran veut vraiment faire avancer ce dossier pour des raisons pratiques: il y a un consensus au sein de la société iranienne sur le fait que les sanctions économiques font mal, et que leur origine est la question nucléaire», affirme Houchang Hassan-Yari, spécialiste du Moyen-Orient au Collège militaire royal du Canada.

«Pour l'instant, ce ne sont que de beaux mots», indique quant à lui David Pollock, associé au Washington Institute, qui est nettement plus sceptique devant le changement de ton de Téhéran.

L'enrichissement nucléaire au coeur des questions

L'inquiétude des États-Unis tient au programme d'enrichissement d'uranium de l'Iran, une technologie qui peut servir à produire de l'énergie nucléaire, mais aussi des armes.

Les États-Unis prétendent que l'Iran est engagé dans le développement d'un arsenal nucléaire, ce que Téhéran a toujours nié.

Malgré les signes d'ouverture manifestés au cours des derniers jours, l'Iran a réitéré cette semaine que le pays ne ferait «aucun compromis» sur son droit inaliénable de produire de l'énergie nucléaire à des fins civiles.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui craint particulièrement la mise au point de l'arme nucléaire par l'Iran, rencontrera Barack Obama à la fin du mois pour discuter de la question.

Israël, qui possède lui-même l'arme nucléaire, exige l'arrêt de toute activité d'enrichissement d'uranium sur le territoire iranien.

Selon l'expert David Pollock, l'Iran n'a pas l'ambition de mettre au point l'arme nucléaire à court terme, mais aimerait avoir la capacité technologique de le faire rapidement en cas de besoin.

La Syrie en toile de fond

Les négociations qui se tiendront la semaine prochaine sur le dossier nucléaire iranien seront fortement influencées par la situation syrienne. L'Iran, allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad, réagira directement aux développements dans ce dossier.

«S'il n'y a pas d'attaques ou de menaces d'attaques sur la Syrie, je crois que l'Iran essaiera de se présenter aux négociations avec une attitude très différente de celle qu'Ahmedinejad a entretenue pendant des années», dit Houchang Hassan-Yari, du Collège militaire royal du Canada.

«Au contraire, si la situation se détériore en Syrie, les puissants conservateurs iraniens risquent de tout faire pour isoler le gouvernement et les modérés et empêcher un rapprochement avec les États-Unis», ajoute M. Hassan-Yari.