Les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et les responsables iraniens ont décidé de poursuivre leurs négociations jeudi à Téhéran sur la signature d'un «accord global» concernant le dossier nucléaire controversé de l'Iran.

«Plusieurs réunions de travail ont eu lieu mercredi et les discussions se poursuivront jeudi», a indiqué la télévision d'État, citant le secrétariat du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, chargée des négociations nucléaires.

La délégation onusienne est menée par le Belge Herman Nackaerts, et l'équipe iranienne est conduite par le représentant iranien à l'AIEA Ali Asghar Soltanieh. Les discussions, qui traînent depuis un an, portent sur la signature d'un «accord global», qui permettrait aux experts onusiens d'enquêter librement sur la finalité du programme nucléaire iranien, soupçonné d'avoir des visées militaires.

L'agence tente d'obtenir un accès plus large à certains sites, documents ou individus, et notamment à la base militaire de Parchin, où l'AIEA soupçonne l'Iran d'avoir procédé à des tests d'explosions conventionnelles susceptibles d'être utilisées pour déclencher une bombe atomique.

Téhéran a refusé jusqu'à présent certaines demandes de l'agence qui vérifie déjà une large part de ce programme, estimant qu'elles allaient au-delà de ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

À la mi-décembre, après une visite à Téhéran, M. Nackaerts avait espéré la signature d'un accord ce mercredi, mais il s'est montré cette fois plus prudent.

«Nous abordons (ces nouvelles discussions) dans un esprit positif et nous comptons sur l'Iran pour travailler avec nous dans le même esprit», a-t-il déclaré mardi avant son départ de Vienne.

Mais pour Téhéran, l'AIEA doit reconnaître «pleinement les droits nucléaires» de l'Iran, dont celui à l'enrichissement d'uranium qui est au coeur du conflit avec la communauté internationale.

Bonne foi

L'Iran a également écarté une visite à Parchin, qui na «aucun lien avec les activités nucléaires» et cette question ne pourra être discutée que dans le cadre d'un éventuel accord global.

L'AIEA et la communauté internationale redoutent que Téhéran, en dépit de ses dénégations répétées, ne cherche à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.

Cette réunion sera suivie avec intérêt par le groupe «5+1», interlocuteur de Téhéran sur le nucléaire iranien depuis 2009, avant une reprise prochaine de pourparlers politiques dans l'impasse depuis trois ans.

Le groupe, qui comprend les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne, s'est mis d'accord avec l'Iran sur une date, mais pas encore sur un lieu, selon le porte-parole de la diplomatie iranienne, Ramin Mehmanparast.

Le programme nucléaire iranien a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties de sanctions internationales, renforcées unilatéralement par les États-Unis et l'Union européenne.

Le coeur du conflit porte sur l'enrichissement d'uranium par l'Iran, officiellement à des fins purement civiles. Les grandes puissances redoutent que les stocks et la technologie accumulés par Téhéran ne permettent de produire rapidement de l'uranium enrichi à plus de 90 %, nécessaire à la fabrication de l'arme atomique.

Pour prouver sa bonne foi, Téhéran s'est dit mardi prêt à «enregistrer comme un document international» des déclarations présentées comme une «fatwa» (décret religieux) du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qualifiant l'arme atomique de «haram», c'est-à-dire interdite par l'islam.