Le chef du Pentagone Leon Panetta a tenté mercredi de convaincre les dirigeants israéliens de laisser du temps à la diplomatie et aux sanctions face à l'Iran, mais assuré que l'option militaire restait ouverte en dernier ressort pour Washington.

Lors de cette visite dans l'État hébreu, le secrétaire américain à la Défense a aussi mis l'Iran devant un «choix à faire»: négocier et respecter la volonté de la communauté internationale ou faire face à la menace d'une opération militaire.

Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou n'a de son côté pas manqué d'observer que les sanctions et les pressions n'avaient, à ce stade, toujours pas dissuadé Téhéran de renoncer à son programme nucléaire controversé. Son pays, comme de nombreux pays occidentaux, accuse en effet Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.

Venu en Israël en pleine campagne électorale aux États-Unis et trois jours seulement après une visite du candidat républicain Mitt Romney, M. Panetta a martelé la position tenue de longue date par l'administration démocrate de Barack Obama.

Les États-Unis ne laisseront pas l'Iran acquérir l'arme nucléaire mais comptent «épuiser tous les efforts» diplomatiques avant de recourir à l'option militaire, n'a-t-il cessé d'affirmer.

Face à des dirigeants israéliens qui semblent à court de patience, il a voulu réaffirmer l'engagement américain «solide comme un roc» envers Israël:

«Nous ne permettrons pas à l'Iran de développer une arme nucléaire. Point. (...) Et nous mettrons en oeuvre toutes les options pour nous assurer que cela n'arrive pas», a-t-il déclaré lors d'un entretien avec M. Nétanyahou.

«Toutes les options sur la table», y compris «l'option militaire», a-t-il assuré peu auparavant lors d'une conférence de presse commune avec son homologue Ehud Barak à Ashkelon, sur l'un des sites du système antiroquettes «Iron Dome» (Dôme de fer), destiné à protéger la ville des roquettes tirées depuis la bande de Gaza, située à moins de dix kilomètres.

Washington, qui contribue largement au financement d'«Iron Dome», y voit un symbole du soutien militaire américain à Israël.

Si les sanctions ne sont pas dissuasives et les négociations n'aboutissent pas, «nous disposons d'options que nous sommes prêts à mettre en oeuvre», a ajouté M. Panetta.

Mais le patron du Pentagone s'est montré clair: «nous devons épuiser toutes les options, toutes les initiatives avant de recourir à la force militaire».

Face à lui, Ehud Barak comme Benjamin Nétanyahou ont manifesté leur impatience.

Le ministre israélien de la Défense a jugé que «la probabilité que l'Iran renonce à son programme (nucléaire) est extrêmement faible».

«Il est important de noter qu'au moment où l'on recourt aux sanctions et à la diplomatie, les Iraniens continuent quotidiennement à enrichir l'uranium nécessaire pour leurs armes. Nous avons clairement quelque chose à perdre en laissant ainsi le temps passer», a constaté M. Barak.

M. Netanyahu a lui aussi manifesté sans fard son scepticisme. La pression internationale et les sanctions n'ont «pas convaincu» Téhéran à ce stade.

«A l'heure actuelle, le régime iranien croit que la communauté internationale n'a pas la volonté de stopper son programme nucléaire. Cela doit changer, et cela doit changer vite parce que le temps presse pour résoudre cette question de façon pacifique», a-t-il mis en garde.

La veille, M. Netanyahu a confié lors d'un entretien qu'il n'avait «pas pris de décision» sur une éventuelle attaque contre les installations nucléaires iraniennes.

«Le sort d'Israël dépend uniquement de nous et d'aucun autre pays, aussi amical soit-il», a-t-il aussi prévenu.