La chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton, en visite non annoncée mercredi en Israël, a rendu compte au premier ministre Benjamin Netanyahu de l'état des négociations nucléaires sur l'Iran, a-t-on appris de source gouvernementale israélienne.

«Ils ont parlé de l'Iran. Israël a présenté ses positions à l'approche de la prochaine série de discussions du groupe 5+1 à Bagdad» le 23 mai, a indiqué à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat.

Israël réclame «des accords avec l'Iran, avec un calendrier précis pour leur mise en oeuvre, sur trois points: l'arrêt de tout enrichissement de l'uranium, le retrait d'Iran de tout le matériau déjà enrichi et le démantèlement des installations souterraines près de Qom (NDLR: le site de Fordo, centre de l'Iran)», a expliqué ce responsable.

Le nouveau vice-premier ministre israélien Shaul Mofaz et le ministre de la Défense Ehud Barak ont participé à l'entretien.

Au cours de l'entretien, M. Netanyahu a exprimé des doutes sur l'efficacité de ces pourparlers. «D'après ce qu'on a vu jusqu'ici, le régime iranien utilise ces discussions pour jouer avec le temps, rien n'indique qu'ils ont l'intention de stopper leur programme nucléaire».

Selon une source européenne à Bruxelles, la rencontre de mercredi fait partie des contacts «réguliers et en cours» de Mme Ashton avec le premier ministre israélien --»comme avec d'autres dirigeants».

L'entrevue devait porter sur «un certain nombre de questions: la situation régionale, le processus de paix au Proche-Orient, l'Iran, la mise en place de la nouvelle coalition en Israël», a précisé la source.

La réunion s'est tenue dans la plus grande discrétion. La semaine dernière, le quotidien de gauche israélien Haaretz avait été le seul à évoquer la visite de Mme Ashton en annonçant qu'elle devait rendre compte à M. Netanyahu de l'état des négociations.

Selon la presse israélienne, le conseiller à la Sécurité nationale d'Israël, Yaakov Amidror, s'était rendu la semaine dernière en Europe pour rencontrer de hauts responsables directement impliqués dans la discussion avec l'Iran.

Ce déplacement survient alors qu'Israël a dit craindre que les pourparlers aboutissent sur un accord permettant à Téhéran de poursuivre l'enrichissement d'uranium, avait indiqué le journal, précisant que le responsable israélien s'était rendu auparavant à Moscou.

Téhéran et le groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) ont tenu des discussions sur le programme nucléaire iranien le 14 avril à Istanbul.

Une grande partie de la communauté internationale, Israël en tête, soupçonne l'Iran de vouloir, sous couvert de programme nucléaire civil, se doter de la bombe atomique, ce que dément Téhéran.

L'État hébreu souffle le chaud et le froid sur l'éventualité de frappes contre les installations nucléaires iraniennes.

Le mois dernier, M. Netanyahu avait critiqué les discussions d'Istanbul affirmant que «l'Iran a décroché une prime (...) pour poursuivre sans la moindre limitation et sans le moindre scrupule son programme d'enrichissement (d'uranium)».