L'Iran a appelé lundi les Occidentaux à envisager la levée des sanctions s'ils veulent parvenir à une solution de la crise liée à son programme nucléaire controversé, et laissé entendre qu'il pourrait discuter du niveau d'enrichissement de son uranium.

«Si l'Occident veut construire (un climat de) confiance, il devrait commencer par les sanctions, car cela peut aider à accélérer les discussions pour parvenir à une solution», a déclaré le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi à l'agence de presse ISNA.

Téhéran a renoué le dialogue sur ses activités nucléaires sensibles samedi à Istanbul avec les grandes puissances du groupe 5+1 -les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) plus l'Allemagne.

Les deux parties doivent se retrouver le 23 mai à Bagdad pour entrer dans le vif des négociations. L'Occident accuse l'Iran, malgré ses démentis répétés, de chercher à se doter de l'arme atomique et cherche à obtenir des garanties de Téhéran sur la nature «exclusivement» civile de son programme nucléaire.

«S'il y a une bonne volonté (de la part de l'Occident) nous sommes prêts à rapidement et facilement, et même lors de la réunion de Bagdad, à résoudre tous les problèmes», a ajouté M. Salehi, ancien responsable du programme nucléaire iranien.

Le ministre a en outre semblé suggérer que le niveau d'enrichissement par l'Iran de l'uranium pourrait être discuté.

À Bagdad les négociateurs iraniens vont adopter la position selon laquelle produire de l'uranium enrichi à 20% est «notre droit», a-t-il dit, mais a ajouté: si les grandes puissances «garantissent qu'elles nous fourniront du combustible de différentes puretés, cela changera la donne».

Sous ces conditions, «nous pouvons négocier sur la façon d'obtenir de l'uranium avec une pureté différente», a-t-il souligné.

Dans une autre interview à la télévision satellitaire Jam-e-Jam qui s'adresse aux Iraniens de l'étranger, M. Salehi a aussi laissé entendre que des négociations sur l'enrichissement étaient possibles.

Les grandes puissances «ont compris qu'elles ne pouvaient plus ignorer que l'Iran a acquis la maîtrise de l'enrichissement et qu'il ne renoncera pas à ce droit», a-t-il déclaré.

«Mais entre l'uranium naturel et l'enrichissement à 100%, il y a un large éventail qui laisse de la place à la discussion», a ajouté M. Salehi, sans donner de précisions sur les concessions que Téhéran pourrait faire.

Le programme nucléaire de l'Iran, notamment l'enrichissement d'uranium jusqu'à 20%, a été condamné par six résolutions de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions qui ont été ensuite renforcées unilatéralement par les États-Unis et l'Union européenne.

Faiblement enrichi (de 3,5% à 20%) l'uranium peut servir de combustible à des centrales nucléaires ou à des installations à usage scientifique, mais poussé au-delà de 90%, il entre dans la fabrication de l'arme atomique.

L'Iran affirme néanmoins enrichir de l'uranium seulement pour produire le combustible nécessaire à ses installations nucléaires actuelles ou futures.

M. Salehi a espéré que le nouveau climat des discussions avec le groupe 5+1 permettrait un règlement du conflit «qui respectera les droits de l'Iran et apaisera les inquiétudes» internationales.