Après 14 mois de luttes de mots, de menaces et de sanctions, l'Iran rencontrera les cinq grandes puissances nucléaires du monde et l'Allemagne pour discuter de son programme nucléaire.

La rencontre débutera demain à Istanbul dans un climat de méfiance mutuelle. Survol des principaux objectifs des deux camps à la veille d'un nouveau round de pourparlers qui s'annonce difficile.

DANS LE CAMP DU GROUPE DES 5 + 1

composé des cinq grandes puissances nucléaires

(États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie) et de l'Allemagne

NÉGOCIATRICE EN CHEF

CATHERINE ASHTON

Chef de la diplomatie de l'Union européenne, elle est d'origine britannique.

PREMIER OBJECTIF

Reprendre le dialogue avec l'Iran

Personne ne s'attend à des miracles ce week-end, selon Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique. «On doit d'abord trouver le moyen de reprendre les négociations. Pour que ça se fasse, il faudra des concessions de la part de l'Iran», estime le politologue français. En échange de concessions, des sanctions imposées à l'Iran pourraient être allégées.

DEUXIÈME OBJECTIF

Obtenir de l'Iran la fin de l'enrichissement de l'uranium

Le groupe 5"1 demande à l'Iran de mettre fin à l'enrichissement de l'uranium sur son territoire. Expert de la question de non-prolifération à l'Université Laval, Irving Lewis croit que le groupe 5 "1 pourrait faire des concessions si l'Iran se contente de produire de l'uranium enrichi à 3% plutôt qu'à 20%.

TROISIÈME OBJECTIF

Obtenir de nouvelles garanties de l'Iran sur la nature civile de son programme

Les membres du groupe des 5"1 sont tous d'accord sur le fait qu'ils ne veulent pas que l'Iran obtienne une arme nucléaire, explique Irving Lewis. Ils ne s'entendent pas, cependant, sur les moyens à utiliser pour faire avancer les négociations avec la République islamique. La Russie et la Chine privilégient la diplomatie, alors que l'Europe et les États-Unis préfèrent l'imposition de sanctions.

Photo: Yves Logghe, AP

Catherine Ashton

DANS LE CAMP DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN

NÉGOCIATEUR EN CHEF

SAEED JALILI

Secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, proche de l'ayatollah Ali Khamenei.

PREMIER OBJECTIF

Montrer que l'Iran n'est pas fermé au dialogue

«Les pays occidentaux ne pourront pas dire que l'Iran n'est pas disposé à parler», affirme Seyed Mohammad Marandi, professeur à l'Université de Téhéran et ardent défenseur du programme nucléaire iranien. Dans les derniers jours, le gouvernement iranien a affirmé qu'il présenterait de «nouvelles propositions» dont on ignore la nature pour le moment.

DEUXIÈME OBJECTIF

S'assurer que l'Iran est traité comme un partenaire égal

L'Iran affirme vouloir développer uniquement un programme nucléaire civil. Régulièrement rappelé à l'ordre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran s'estime victime de la politique des deux poids, deux mesures de l'Occident. «Ce n'est pas à un pays d'imposer les règles aux autres», affirme M. Marandi, qui ajoute que l'Iran a maintenant des doutes sur l'impartialité de l'AIEA, organe onusien.

TROISIÈME OBJECTIF

Défendre le droit de l'Iran d'enrichir de l'uranium

«L'objectif le plus important de l'Iran dans le cadre des négociations est de faire comprendre aux pays occidentaux que l'Iran, en tant que pays souverain, a le droit, selon la loi internationale et le traité de non-prolifération, d'enrichir de l'uranium comme les autres pays», note Mohammad Marandi, en reprenant les propos du négociateur en chef de l'Iran.

Photo: AP

Saeed Jalili