Les grandes puissances et l'Iran se retrouvent samedi à Istanbul pour discuter à nouveau du programme nucléaire controversé iranien, Téhéran promettant de «nouvelles initiatives» dans un climat de tension et de scepticisme occidental.

«La délégation iranienne aura de nouvelles initiatives et nous espérons que l'autre partie aura une approche identique et constructive pour entrer dans les négociations», a affirmé mercredi le chef des négociateurs iraniens Saïd Jalili.

Le négociateur officiel de l'Iran n'a cependant pas précisé de quelle nature pourraient être les «initiatives» iraniennes lors de ces négociations liées à une crise de plus de cinq ans.

Soufflant le chaud et le froid à l'approche du rendez-vous d'Istanbul, l'Iran a annoncé le même jour, par l'intermédiaire de médias, que Téhéran allait stopper ses ventes de pétrole vers l'Allemagne, après en avoir fait de même avec plusieurs autres pays européens, en réponse aux sanctions européennes liées à son programme nucléaire.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce que conteste Téhéran, qui affirme que son programme d'enrichissement nucléaire n'a pas de visées militaires.

Les pourparlers d'Istanbul réuniront l'Iran et le groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne plus Allemagne), mené par la représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

L'Iran «ne reculera pas d'un iota sur ses droits nucléaires inaliénables», a par ailleurs affirmé jeudi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

«Je conseille à tous les ennemis (de l'Iran) et aux puissances arrogantes (NDLR: occidentales) de changer leur comportement à l'égard de cette nation», a-t-il ajouté.

Des déclarations qui donnent à penser côté occidental qu'il y a peu à attendre de ces nouvelles discussions.

«Personne ne se fait trop d'illusions, il n'y a pas beaucoup de signaux positifs en provenance de Téhéran» a déclaré à l'AFP un diplomate européen de haut rang qui suit de près le dossier.

Pour lui, «l'objectif est de voir si les Iraniens sont sérieux et si on peut lancer une véritable négociation dans la durée sur leur programme nucléaire, ce qui n'avait pu être le cas l'an dernier», lors des précédentes discussions à Istanbul, a-t-il ajouté.

«Jusqu'ici la cohésion des 5+1 a pu être à peu près maintenue, même si la France d'un côté se montre la plus ferme» à l'égard de l'Iran «alors que dans l'ordre les Américains suivis par les Britanniques et les Allemands sont un peu plus souples», a-t-il ajouté.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a déclaré mercredi qu'Istanbul serait «une chance pour l'Iran de répondre sérieusement aux inquiétudes de la communauté internationale» et d'apporter des réponses concrètes sur son programme nucléaire.

L'Iran attend de son côté la levée des sanctions occidentales, et considère l'enrichissement d'uranium comme un «droit» qui ne peut lui être contesté.

Il estime aussi que le Proche-Orient doit être exempt de toute arme nucléaire, et qu'Israël doit abandonner l'arme nucléaire qu'il détient sans l'admettre.

Si les Occidentaux attendent peu des discussions de samedi, ils y voient au moins un avantage: empêcher Israël, qui considère les ambitions nucléaires de l'Iran comme une «menace existentielle», de bombarder les installations nucléaires de ce pays.

«Beaucoup pensent au moins que tant que les négociations continuent, il sera difficile pour Israël de lancer une offensive militaire contre les installations nucléaires iraniennes, mais si Israël a décidé d'y aller, rien ne l'empêchera de le faire» estime ainsi le diplomate européen à l'AFP.

La Russie met depuis février en garde Israël et les États-Unis contre des frappes visant l'Iran, qui auraient des conséquences «catastrophiques» pour la communauté internationale.

Moscou, qui a souscrit aux sanctions de l'ONU contre l'Iran, s'oppose tout comme la Chine aux sanctions occidentales.

Téhéran a été condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions. Celles-ci ont été renforcées depuis 2010 par un embargo commercial, financier et pétrolier des États-Unis et de l'Europe.