L'Iran a provoqué dimanche l'Occident en tirant un missile de moyenne portée près du détroit stratégique d'Ormuz et en annonçant avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire, au lendemain de l'annonce de nouvelles sanctions américaines.

Cette démonstration de force intervient au moment où les pays occidentaux accentuent la pression sur la République islamique d'Iran, accusée malgré ses multiples dénégations, de chercher à fabriquer la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.

L'Iran a tiré dans la matinée un missile de moyenne portée sol-air lors de manoeuvres navales près du détroit d'Ormuz, par où transite entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial, a indiqué un porte-parole de ces exercices cité par l'agence officielle Irna.

Ce missile «conçu et fabriqué» en Iran «est équipé de la technologie la plus récente pour combattre les cibles furtives et les systèmes intelligents qui tentent d'interrompre la trajectoire du missile», a déclaré l'amiral Mahmoud Moussavi, en précisant qu'il s'agissait du premier test de ce type de missile.

Les manoeuvres navales, entamées le 24 décembre, se déroulent autour du détroit d'Ormuz, que Téhéran a menacé de fermer en cas de nouvelles sanctions contre ses exportations pétrolières.

Lundi, ces exercices se termineront par une manoeuvre destinée à tester la capacité des forces navales à fermer le détroit, selon l'amiral Moussavi. «Une majorité de nos unités navales se positionneront selon une nouvelle formation tactique destinée à rendre impossible le passage de tout navire par le détroit d'Ormuz si la République islamique en décide ainsi».

Les États-Unis ont critiqué ces derniers jours le «comportement irrationnel de l'Iran» et affirmé qu'«aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne serait tolérée».

Des barres de combustible nucléaire produites localement

Toujours en signe de défi, l'Iran a parallèlement annoncé avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire produites localement et requises pour les réacteurs nucléaires.

Ces barres ont été «introduites dans le coeur du réacteur de recherche nucléaire de Téhéran pour vérifier leur bon fonctionnement», a indiqué l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) sur son site internet.

L'enrichissement d'uranium par l'Iran est au coeur du conflit avec la communauté internationale. Enrichi à 20%, l'uranium a un usage purement civil, mais si l'enrichissement est poussé au-delà de 90% il peut être utilisé pour la fabrication de l'arme atomique.

Les annonces iraniennes surviennent au lendemain de la promulgation par le président Barack Obama d'une loi de financement du Pentagone qui renforce les sanctions contre le secteur financier de l'Iran, notamment la Banque centrale, dans le but de contraindre ce pays à abandonner son programme nucléaire.

La Banque centrale iranienne réagira aux sanctions



Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a néanmoins assuré que la Banque centrale iranienne réagirait avec «force» aux sanctions américaines. La Banque centrale peut faire face «aux pressions des ennemis» et «doit, avec force et confiance, avoir la solidité d'éliminer tous les complots des ennemis».

Cependant, la monnaie iranienne, le rial, a enregistré une baisse record dimanche, la valeur à la revente de la monnaie dans les bureaux de change a baissé à environ 16 000 rials pour un dollar, contre 11 000 rials pour un dollar au taux officiel, selon les médias.

Les nouvelles sanctions américaines ont suscité également une vive réaction du N.2 des Gardiens de la révolution, garde prétorienne du régime. «Si les intérêts vitaux de notre pays sont menacés par l'ennemi, nous répondrons à la menace par une menace sur plusieurs fronts», a dit le général Hossein Salami.

Et le président de la Chambre de commerce iranienne Mohammad Nahavandian a estimé que ces mesures «sans précédent et injustifiables» engendreraient des «pertes réciproques».

Samedi, l'Iran avait pourtant semblé faire un geste en direction des Occidentaux, laissant la porte ouverte à une reprise des négociations avec les grandes puissances sur le nucléaire, suspendues depuis un an.