Le Canada s'est joint lundi au Royaume-Uni et aux États-Unis en annonçant de nouvelles sanctions contre l'Iran, alors que les trois pays augmentent la pression sur Téhéran pour mettre fin à son programme de développement d'armes nucléaires.

L'Agence internationale de l'énergie atomique des Nations unies a averti il y a deux semaines que Téhéran oeuvrait fort probablement à acquérir des armes nucléaires, en signalant divers signes avant-coureurs.

L'Iran maintient pour sa part que son programme poursuit des objectifs pacifiques.

La publication du rapport a déclenché de vifs échanges diplomatiques visant à trouver un moyen de mettre fin à la menace iranienne, alors que le président américain, Barack Obama, a pressé les leaders chinois et russes de se joindre aux États-Unis pour agir en ce sens.

Le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan, a indiqué aux Communes que le pays impose de nouvelles sanctions pour bloquer «virtuellement toutes» les transactions avec la banque centrale iranienne. Selon M. Van Loan, le Canada fera ce qui est nécessaire pour isoler le régime de Téhéran et minimiser les risques qu'il fait courir à la paix mondiale.

«Dès maintenant, le Canada applique une série de mesures encore plus sévères en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales. Ces sanctions élargies interdisent presque toutes les transactions financières avec le gouvernement iranien», a signalé le ministre des Affaires étrangères, John Baird, dans un communiqué publié lundi.

Ces sanctions visent «les dirigeants connus de la Garde révolutionnaire iranienne» et bloqueront «pratiquement toutes les transactions avec l'Iran, y compris celles avec la banque centrale», a précisé le ministre.

Une exemption est accordée aux Irano-Canadiens qui envoient de l'argent à leurs proches dans leur pays.

«Les dirigeants actuels de l'Iran font preuve d'un mépris flagrant à l'égard de leurs obligations internationales, a indiqué le ministre Baird. Ils occultent les activités nucléaires de leur pays et font obstacle à toutes les tentatives internationales de vérification de leurs prétentions. Parallèlement, ils continuent à violer les droits de leurs citoyens, tout en mettant en danger la sécurité régionale.»

En juillet 2010, afin de déstabiliser le programme nucléaire iranien, le Canada avait imposé des sanctions à Téhéran, en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales. Ces restrictions, qui comprenaient notamment l'interdiction de fournir des armes, de faire de nouveaux investissements dans les secteurs pétrolier et gazier et d'établir des relations avec des institutions financières iraniennes, s'ajoutaient à celles qui avaient été mises en place par la Loi sur les Nations Unies.

Sanctions américaines et britanniques

À Washington, l'administration Obama a annoncé des sanctions visant les secteurs énergétiques et financiers de l'Iran, dans le but de pousser Téhéran à mettre un terme à son présumé programme nucléaire.

Le président Barack Obama a souligné que l'Iran pouvait choisir entre montrer patte blanche quant à son programme nucléaire et profiter des avantages liés à une coopération économique avec le reste du monde, ou encore faire face à davantage de pressions.

«L'Iran a choisi de s'isoler du reste de la communauté internationale. Tant et aussi longtemps que l'Iran s'aventurera dans cette voie, les États-Unis continueront de trouver des façons d'isoler et d'accroître la pression contre le régime iranien grâce à des mesures menées de concert avec nos partenaires ou de notre propre gré», a-t-il fait savoir dans un communiqué.

Les sanctions américaines s'attaquent particulièrement à l'industrie pétrolière et pétrochimique du pays et aux sociétés iraniennes mêlées à l'approvisionnement nucléaire. Washington décrétera que le réseau bancaire iranien est un centre propice au blanchissement d'argent, mais ne lui imposera pas de nouvelles sanctions.

Selon le secrétaire du Trésor, Timothy Geithner, cette étiquette se veut un avertissement sans détour aux institutions financières, partout au monde, d'éviter de faire des affaires avec l'Iran.

Du côté de la Grande-Bretagne, le ministre britannique des Finances, George Osborne, a déclaré que le Royaume-Uni coupait ses liens financiers avec les banques iraniennes.

M. Osborne a expliqué que l'ensemble des institutions financières britanniques mettraient fin lundi à leurs relations d'affaires et à leurs transactions avec toutes les banques iraniennes, incluant la Banque centrale. L'interdiction s'étend à toutes les succursales et filiales des banques de la république islamique.

C'est la première fois que le gouvernement britannique coupe tous les liens avec un secteur bancaire national entier, a expliqué le ministre. Les sanctions visent à «empêcher le régime iranien d'acquérir des armes nucléaires», a-t-il précisé.

Le mois dernier, le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni imposaient des sanctions contre cinq ressortissants iraniens accusés d'avoir comploté pour tuer l'ambassadeur saoudien aux États-Unis. Le Canada a gelé les actifs des cinq Iraniens et interdit à ses ressortissants de transiger avec eux.

Parmi les personnes visées, on retrouve deux hommes suspectés du complot présumé: Manssor Arbabsiar, un Américain qui possède également la nationalité iranienne, et Ali Gholam Shakuri, qui serait membre d'une unité spéciale de la Garde révolutionnaire iranienne.