L'Iran a adopté un ton de fermeté avant de retrouver les grandes puissances vendredi à Istanbul pour un deuxième round de discussions, excluant toute négociation sur son programme nucléaire controversé.

«Aujourd'hui, le programme nucléaire se développe en Iran. (Les grandes puissances) adoptent des résolutions, mais même si elles adoptent 100 000 résolutions, cela n'a aucune importance», a asséné cette semaine le président Mahmoud Ahmadinejad.

«Nous accueillons favorablement la voie de la coopération mais vous devez savoir que la nation iranienne ne cédera pas d'un iota» sur son programme nucléaire, a-t-il ajouté à l'adresse du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), avec lequel Téhéran négocie.

«Vous n'avez pas pu empêcher l'Iran de devenir nucléaire (...) Si vous continuez sur le même chemin que par le passé (celui de la confrontation, ndlr) vous allez subir un échec encore plus humiliant», a-t-il encore affirmé.

Le 12 janvier, le chef par intérim de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a prévenu que l'Iran refuserait de discuter de son «dossier nucléaire» avec les 5+1.

Ce groupe a toutefois réaffirmé sa détermination a discuter «concrètement» de ce dossier à Istanbul. «Nous nous attendons à ce que nous en venions aux questions pratiques à Istanbul, c'est vraiment le point central», a indiqué à la presse un responsable de l'Union européenne sous couvert d'anonymat.

«Si l'autre partie veut évoquer lors des discussions une question appelée 'dossier nucléaire', nous ne reconnaîtrons pas ces négociations», a répondu par avance M. Salehi en affirmant que cette question était «une fabrication de l'Occident».

M. Salehi, également chef du programme nucléaire iranien, a en outre affirmé que Téhéran, malgré les sanctions internationales, ne renoncerait pas à l'enrichissement d'uranium.

Cet enrichissement, condamné par six résolutions de l'ONU, est au centre des inquiétudes internationales sur les objectifs nucléaires de l'Iran. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que les dirigeants iraniens ont toujours farouchement démenti.

«Les récentes sanctions n'ont créé aucun problème (...) Nous continuons nos activités nucléaires avec vigueur en particulier les activités d'enrichissement», a dit M. Salehi.

Fin octobre, l'Iran avait déjà produit plus de 3200 kilos d'uranium enrichi à moins de 5%, et une quarantaine de kilos d'uranium enrichi à 20%, selon les chiffres concordants fournis par Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Selon l'AIEA, l'Iran produit environ 130 kilos d'uranium faiblement enrichi chaque mois dans son usine de Natanz où il dispose de quelque 8400 centrifugeuses.

Contenu à moins de 20%, l'uranium enrichi sert à fabriquer du combustible pour les centrales nucléaires ou des réacteurs de recherche. Mais s'il est poussé à 90% et plus, il peut servir à la fabrication de l'arme atomique.

L'Iran et les 5+1 ont repris le dialogue sur le contentieux nucléaire en décembre à Genève après 14 mois de blocage.

Ils ont décidé de se revoir les 21 et 22 janvier à Istanbul bien que la rencontre de Genève ait tourné au dialogue de sourds, les grandes puissances cherchant à focaliser les discussions sur le programme nucléaire iranien alors que Téhéran refuse d'aborder le sujet autrement que dans le cadre global de la sécurité régionale et de la non-prolifération -incluant la question de la possession de l'arme nucléaire par Israël.