Les négociations sur le programme nucléaire iranien pourraient reprendre dès cet automne, toutes les parties y paraissant prêtes malgré de nouvelles provocations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à la tribune de l'ONU jeudi.

«La porte reste ouverte à la diplomatie, si l'Iran choisit de l'emprunter», avait promis Barack Obama devant l'Assemblée générale dans la matinée.

Lui succédant dans l'après-midi, M. Ahmadinejad n'a fait qu'une brève allusion à la controverse nucléaire dans son discours, préférant développer longuement l'idée qu'un complot américain serait à l'origine des attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis.

Les délégations des États-Unis et de l'Union européenne ont immédiatement quitté la salle, et Washington a qualifié les propos de «détestables"

Mais le dirigeant iranien a aussi affirmé un peu plus tôt à la chaîne japonaise TBS que les discussions sur le nucléaire «sont en préparation» et qu'elles «se tiendront probablement en octobre» avec les Six, les grandes puissances qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de la bombe nucléaire sous couvert d'un programme civil.

Le groupe (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) avait dit dès mercredi souhaiter trouver «rapidement une solution négociée complète et de long terme» avec Téhéran.

C'est la partie iranienne qui a demandé aux Six de reprendre les pourparlers, ce qu'ils ont accepté, a assuré sur CNN Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères: «Ils ont demandé à nous rencontrer».

La dernière réunion formelle avec l'Iran avait eu lieu le 1er octobre 2009 à Genève. Les États-Unis, la Russie et la France, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), avaient proposé un échange de 1.200 kg d'uranium faiblement enrichi contre du combustible plus fortement enrichi destiné au réacteur à vocation médicale de Téhéran.

Le régime des ayatollahs avait paru accepter l'offre, avant de se rétracter. Washington avait ensuite déployé une intense activité diplomatique qui a abouti en juin à l'adoption de nouvelles sanctions internationales, les plus sévères jamais infligées à l'Iran.

Selon deux diplomates des Six parlant sous le couvert de l'anonymat, une rencontre entre l'Iran et les grandes puissances pourrait avoir lieu cet automne, à Vienne ou peut-être «dans un mois à Genève».

Les Six comptent présenter une version «révisée» de leur proposition de 2009, notamment pour tenir compte du fait que l'Iran a continué depuis d'enrichir de l'uranium.

L'objectif ultime, résumé jeudi par Barack Obama, est de donner une chance à l'Iran de «confirmer au monde la nature pacifique de son programme nucléaire».

De mêmes sources, les Occidentaux espèrent cette fois que la réunion sera la première d'une série de rencontres, ne serait-ce que «pour montrer aux Iraniens que l'on a le désir de négocier».

Mais sur le fond, Téhéran refuse toujours de renoncer à l'enrichissement. M. Ahmadinejad l'a admis sans détour à New York devant un groupe d'experts: «Nous n'avons jamais envisagé que les négociations aboutissent à l'arrêt de nos activités nucléaires. Discuter ne me pose donc aucun problème».

L'analyste Fariborz Ghadar, du groupe de réflexion américain CSIS, prévoit une nouvelle impasse: «Faute d'une volonté de changer de politique, les discussions n'aboutiront à rien».

À moins, suggère-t-il dans un entretien à l'AFP, que le dialogue se limite à l'objectif d'entourer le programme iranien de «moyens de contrôle en nombre suffisant».