Les pays de l'Union européenne ont nettement progressé jeudi vers un accord sur le contenu de sanctions renforcées qu'ils comptent imposer à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé, ont déclaré à l'AFP des sources diplomatiques.

A une réunion des ambassadeurs des 27 pays de l'UE à Bruxelles, «il y a eu un accord sur l'essentiel, il reste juste quelques détails techniques ou formulations à finaliser», a dit une des sources.

Pour pouvoir entrer juridiquement en vigueur, les nouvelles mesures restrictives, qui vont au-delà des sanctions récemment votées au Conseil de sécurité de l'ONU, devront encore être validées officiellement lundi à Bruxelles par les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

Elles ciblent notamment le secteur stratégique pour Téhéran des industries gazière et pétrolière.

Il est prévu d'interdire de nouveaux investissements, de l'assistance technique et des transferts de technologies, d'équipements et de services liés à ces secteurs, notamment pour le raffinage et la liquéfaction de gaz.

L'Iran, qui est le quatrième producteur mondial de pétrole brut, importe jusqu'à 40% de son essence, le pays manquant de capacités de raffinage pour satisfaire sa demande intérieure.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient d'estimer dans un rapport que les sanctions internationales «devraient réduire les très nécessaires importations d'essence et d'autres produits» pétroliers vers l'Iran et «clairement affecter» à plus long terme le développement des industries gazière et pétrolière.

Les sanctions européennes, sur lesquelles un accord de principe avait déjà été trouvé le 14 juin, limitent en outre fortement les possibilités d'échanges commerciaux avec l'Iran et étendent le gel d'avoirs à un nombre accru de banques iraniennes.

Le secteur iranien des transports, notamment la compagnie maritime IRISL et ses filiales, est frappé. Enfin, des mesures supplémentaires en vue de restreindre l'octroi de visas et de geler des avoirs sont prises à l'encontre des membres du Corps des gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime en Iran.

«Ces sanctions sont étonnament sévères, elle vont beaucoup plus loin que celles votées à l'ONU», estime Mark Fitzpatrick, spécialiste du dossier nucléaire iranien à l'International Institute for Strategic Studies de Londres.

Il fait valoir notamment que l'UE va étendre ses restrictions à des sociétés iraniennes non liées au programme nucléaire iranien.

«Pour la première fois, l'Iran va faire face à des sanctions qui vont avoir un impact significatif sur son économie», ajoute-t-il. A ses yeux, cela ne sera pas suffisant pour conduire Téhéran à renoncer à son programme nucléaire, «mais cela pourrait lui donner des raisons de revenir à la table des négociations» car, «dans le passé, l'Iran a toujours fait des concessions sous la pression», commente M. Fitzpatrick.

C'est tout l'objet de l'initiative européenne. Un projet de déclaration des ministres européens des Affaires étrangères, obtenu par l'AFP, «réaffirme l'engagement de l'UE à oeuvrer en faveur d'une solution diplomatique».

Il exhorte l'Iran à fixer «une date concrète» pour une reprise des discussions avec les six puissances chargées du dossier nucléaire iranien (le groupe des 5+1: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne). Cette rencontre pourrait avoir lieu en septembre.