Le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi a affirmé samedi que son pays n'était «pas pressé» de construire un nouveau site d'enrichissement d'uranium, et a appelé les Occidentaux à accepter un échange de combustible nucléaire.

«Nous étudions différents endroits» pour un nouveau site, a dit M. Salehi à l'agence officielle iranienne Irna, après la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l'ONU renforçant les sanctions contre l'Iran et appelant ce pays à «n'entamer la construction d'aucun nouveau site d'enrichissement».

«Nous espérons décider d'un lieu d'ici à la fin de l'année» iranienne (mars 2011), «à la suite de quoi les travaux pourront commencer. Nous ne sommes pas pressés», a souligné le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique et l'un des vice-présidents iraniens.

En février, M. Salehi a indiqué que son pays entamerait dans l'année la construction de deux nouveaux sites d'enrichissement ayant «chacun la même capacité» que celui de Natanz (centre).

Natanz, seule usine d'enrichissement d'uranium en Iran, peut accueillir jusqu'à 50 000 centrifugeuses mais n'en abrite pour l'instant que 8582, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en mai.

En avril, Mojtaba Samareh Hachémi, conseiller spécial du président Mahmoud Ahmadinejad, avait affirmé que ce dernier avait approuvé «plusieurs sites» pour l'installation de nouvelles usines d'enrichissement. Mais il avait été ensuite démenti par M. Salehi selon qui aucune décision n'avait été prise.

M. Ahmadinejad avait annoncé fin novembre la construction de dix nouvelles usines d'enrichissement, en réponse à une résolution de l'AIEA condamnant l'Iran pour sa politique nucléaire.

La résolution 1929, votée mercredi, exige également l'arrêt de la construction d'un deuxième site d'enrichissement en cours à Fordoo, près de Qom (centre).

L'enrichissement d'uranium est au coeur de la crise entre l'Iran et les communauté internationale qui craint que l'Iran, en dépit de ses dénégations, ne cherche à se doter de l'arme nucléaire.

M. Salehi a par ailleurs estimé que «la meilleure solution pour les pays occidentaux de sortir la tête haute de la question nucléaire iranienne est d'accepter l'échange du combustible». Ils doivent éviter de «s'enfoncer dans le bourbier qu'ils ont eux-mêmes créé».

L'Iran a proposé le 17 mai aux grandes puissances, dans le cadre d'un accord avec le Brésil et la Turquie, d'échanger en Turquie 1200 kg de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% destiné au réacteur de recherche médicale de Téhéran.

Les grandes puissances ont accueilli froidement cette proposition. Les Etats-Unis, la France et la Russie, membres du «groupe de Vienne» y ont néanmoins répondu en demandant à Téhéran de clarifier certains points.

La résolution 1929 a été violemment dénoncée par M. Ahmadinejad, tandis que le Parlement iranien a menacé de revoir les relations avec l'AIEA lors d'une réunion qui pourrait se tenir dimanche.