Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a entamé dimanche à Téhéran des entretiens avec les dirigeants iraniens présentés par les grandes puissances comme «la dernière chance» d'une médiation sur le dossier nucléaire avant de nouvelles sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Lula a rencontré dimanche matin son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad avant d'être reçu par le guide de la République islamique Ali Khamenei, mais les premiers compte-rendus officiels de leurs entretiens n'ont pas mentionné la question nucléaire.

Seule allusion voilée à ce dossier au coeur du conflit entre Téhéran et la communauté internationale, le président Ahmadinejad a «remercié» Lula «pour sa défense du droit de la nation iranienne et ses positions pour réformer l'ordre mondial», selon le site de la présidence iranienne.

«La réalité est que quelques pays qui contrôlent les centres politiques, économiques et médiatiques du monde ne veulent pas que les autres pays fassent des progrès», a déclaré M. Ahmadinejad dans une référence à la mobilisation internationale, Occidentaux en tête, contre le programme nucléaire iranien.

«Ensemble, nous pouvons changer ces conditions injustes et apporter les changements nécessaires», a-t-il estimé, ajoutant: «Cette visite marque le début d'une coopération sérieuse entre deux grandes nations».

Le président Lula, selon la même source, a déclaré que «le Brésil considère ses relations avec l'Iran comme stratégiques, car ensemble les deux pays peuvent agir avec plus de force».

La délégation brésilienne, interrogée par l'AFP, n'a pas souhaité évoquer la teneur des entretiens des deux présidents, dans l'attente d'une conférence de presse commune prévue en fin d'après-midi.

Le président Lula a entrepris une médiation entre l'Iran et les grandes puissances pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien.

Cette médiation a été présentée par les Etats-Unis et la Russie comme celle de «la dernière chance» avant l'adoption de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU contre Téhéran.

Ses chances de succès ont toutefois été jugées faibles par Washington et Moscou, alors que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui y était associé, a renoncé à se rendre à Téhéran faute d'engagement iranien sur une proposition de solution.

L'enrichissement d'uranium par l'Iran est au centre du conflit avec la communauté internationale, qui redoute que Téhéran, malgré ses démentis, ne cherche à se doter de l'arme nucléaire.

Les grandes puissances ont proposé à Téhéran de leur livrer 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer en combustible hautement enrichi, dont l'Iran a besoin pour son réacteur de recherche médicale.

Invoquant lui aussi un problème de confiance, l'Iran a rejeté cette proposition, souhaitant un échange simultané de combustible en petites quantités sur le territoire iranien. Ce qui a été refusé par les grandes puissances.

Opposés à des sanctions, le Brésil et la Turquie, membres du Conseil de sécurité, ont entrepris de convaincre Téhéran de faire des propositions concrètes pour sortir de la crise.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé samedi, sans donner aucun détail, qu'une «entente» était intervenue sur la quantité et le calendrier d'un échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible nucléaire à 20%, et que l'Iran était prêt à discuter du lieu de l'échange.

«Il y a une volonté de part et d'autre de régler le problème et les choses évoluent positivement», a affirmé de son côté samedi dans la presse le chef de l'organisation de l'énergie atomique iranienne Ali Akbar Salehi.