L'Iran, menacé de sanctions internationales pour sa politique nucléaire, a donné samedi aux grandes puissances un «ultimatum» d'un mois pour accepter un échange d'uranium selon ses propres termes, faute de quoi il produira lui-même l'uranium nécessaire pour son réacteur de Téhéran.

«La communauté internationale a juste un mois pour se décider» à accepter ou non les conditions de Téhéran, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, cité par la télévision d'État.

«Sinon, Téhéran enrichira l'uranium à un niveau supérieur», a-t-il poursuivi avant d'ajouter: «ceci est un ultimatum».

L'enrichissement de l'uranium dont l'Iran dit avoir besoin pour le réacteur de recherche médicale de Téhéran est au centre d'un bras de fer avec les grandes puissances qui redoutent que la République islamique ne veuille produire de l'uranium à des fins militaires, malgré ses démentis répétés.

L'Iran a rejeté l'échéance de la fin d'année fixée par les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy pour qu'il accepte la proposition de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir son uranium à l'étranger.

Mais l'Iran a refusé ce projet de l'AIEA prévoyant que Téhéran fasse enrichir à 20% par la Russie la plus grosse partie de son uranium faiblement enrichi pour obtenir en retour du combustible pour son réacteur de recherche.

Cet accord devait permettre d'apaiser les inquiétudes de certaines capitales occidentales. Le refus iranien a entraîné une condamnation de Téhéran par l'AIEA et la menace de nouvelles sanctions internationales à l'ONU.

L'étude d'un nouveau train de sanctions pourrait débuter à la mi-janvier au Conseil de sécurité de l'ONU, selon un diplomate onusien.

L'Iran, qui ne cesse de défier l'Occident, est visé par cinq résolutions du Conseil de sécurité, dont trois assorties de sanctions, pour son refus de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium.

Mardi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, avait dit que l'Iran était prêt à «un échange par étapes du combustible. Cela peut être une occasion pour les deux parties» d'établir la confiance.

«Si ce principe est accepté par l'autre partie (le groupe des six pays interlocuteurs de Téhéran dans ce dossier), nous pouvons discuter des autres détails, notamment le lieu de cet échange. Certains ont évoqué le Japon, le Brésil, la Turquie ou encore l'île de Kish (dans le sud de l'Iran)», a-t-il ajouté. «Tout cela peut être discuté».

En Allemagne, l'un des pays membres du groupe des Six, le ministère des Affaires étrangères a estimé que l'ultimatum lancé par M. Mottaki ne changeait rien à la situation.

«La situation n'a pas changé. La proposition de la communauté internationale (celle de l'AIEA) reste valable. L'Iran devrait enfin saisir cette opportunité», selon un porte-parole du ministère.

Le groupe des Six est également formé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne).