Oui mais. Téhéran accepte l'offre de l'AIEA d'échanger son uranium contre des barres de combustible nucléaire, mais impose ses conditions et son calendrier. «Nous avons accepté le principe de la proposition», a déclaré samedi le ministre iranien des Affaires étrangères Manochehr Mottaki.

Le chef de la diplomatie iranienne a tenu ces propos alors que s'impatientait la communauté internationale. Le groupe des Six (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) doit se réunir la semaine prochaine pour décider des mesures à adopter dans ce dossier. Les dirigeants européens ont indiqué qu'ils soutiendraient de nouvelles sanctions si Téhéran ne coopérait pas davantage sur la question nucléaire.

En octobre, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a proposé à l'Iran d'envoyer en Russie 70% de ses stocks d'uranium faiblement enrichi (à 3,5%) afin qu'il y soit enrichi à un peu moins de 20%. L'uranium serait ensuite conditionné en France pour revenir sous forme de combustible utilisable par le réacteur de recherche de Téhéran.

L'uranium à 20% peut être utilisé pour alimenter les centrales nucléaire et lorsqu'il est conditionné sous forme de barres de combustible, il ne peut pas être enrichi davantage. L'uranium enrichi à 90% ou plus peut servir à fabriquer des armes.

L'Iran dispose actuellement d'environ 1,5 tonne d'uranium à 3,5%. Il a besoin de l'enrichir à 20% pour alimenter son réacteur qui produit des isotopes médicaux.

L'AIEA lui a proposé en octobre d'échanger 1,2 tonne de son uranium à 3,5% contre des barres de combustible nucléaire. Avec ce dispositif, Téhéran ne disposerait plus - pendant un moment du moins - de suffisamment d'uranium susceptible d'être exploité militairement.

«Nous avons accepté le principe de la proposition», a déclaré M. Mottaki, qui se trouvait samedi au Bahreïn pour une conférence sur la sécurité régionale. «Mais il y avait des divergences sur le mécanisme».

«Nous avons suggéré que, dans un premier temps, nous vous donnions 400 kilos d'uranium enrichi à 3,5% et que vous nous donniez l'équivalent en uranium à 20%», a détaillé le chef de la diplomatie iranienne, en précisant que l'échange pourrait avoir lieu sur l'île iranienne de Kish, dans le Golfe arabo-persique.

Ces quantités sont bien en deça de celles visées par l'AIEA. Les Six ne souhaitent pas que les livraisons de Téhéran soient trop étalées dans le temps, car cela lui laisserait la possibilité de fabriquer une arme atomique. En outre, l'Iran exige que les barres de combustible lui soient remises au moment même où il livre son uranium à 3,5%, de crainte que la Russie et la France ne reviennent ensuite sur leurs engagements.