Le premier président sud-africain noir, Nelson Mandela, «a rendu son dernier soupir et s'est reposé», a raconté jeudi son ex-femme Winnie Madikizela-Mandela, dans sa première interview accordée depuis le décès de l'icône de la lutte contre l'apartheid.

«J'ai reçu un appel le matin» du 5 décembre (...) et le médecin a dit : «je pense que vous devriez venir». Il n'avait jamais utilisé ces mots auparavant. Quand il a parlé ainsi, j'ai su qu'il y avait un problème grave», a confié à la chaîne de télévision britannique ITV Winnie Madikizela-Mandela, décrivant pour la première fois les derniers instants du prix Nobel de la paix mort ce jour-là à Johannesburg.

Une fois sur place, «j'ai pu sentir qu'on était peut-être au bout du chemin» (...). Je suis montée à l'étage où les médecins se tenaient debout autour de lui. Ils m'ont dit de m'approcher de lui», a-t-elle poursuivi.

«J'ai constaté qu'il respirait vraiment lentement. Je le tenais pour essayer d'évaluer sa température, et il était froid. Il a alors rendu son dernier soupir et s'est reposé... Il était parti», a-t-elle raconté.

À son retour à son domicile de Johannesburg le 1er septembre, après avoir été hospitalisé près de trois mois pour une infection pulmonaire, «les médecins étaient sceptiques et ils pensaient que cela ne tiendrait pas plus de trois jours», a encore dit Winnie Madikizela-Mandela. «Mais ils nous ont toujours assuré qu'il ne souffrait pas, il avait assez de médicaments, donc on ne savait jamais exactement quand il souffrait.»

La dépouille de Nelson Mandela est exposée de mercredi à vendredi à Pretoria, la capitale sud-africaine. «Dans la tradition africaine, on n'expose pas les défunts. C'est très dur pour la famille de le partager après l'avoir partagé de son vivant avec le monde entier et le pays tout entier. Il n'appartient pas à la famille, il appartient encore au monde entier et nous devons le partager», a-t-elle constaté.

L'ancienne épouse de Nelson Mandela a expliqué qu'elle se souviendrait de lui comme d'un homme «dont la vie entière appartenait à la nation et au monde (...). Il a tout abandonné pour sa nation».

«Même s'il avait 95 ans et a tant fait, il y avait encore tant à faire», a-t-elle estimé, ajoutant cependant que son ancien mari «avait rempli sa mission».

Interrogée pour savoir si les sacrifices faits par le couple pendant leurs très longues années de séparation en valaient la peine, Winnie Madikizela-Mandela, 77 ans, a répondu : «Je le ferais de nouveau. Il n'y a pas plus belle récompense que celle de libérer l'Afrique du Sud».