D'Obama à Castro, les grands de ce monde réunis comme jamais rendront hommage mardi à Nelson Mandela, héros universel de la liberté et du pardon, lors d'une cérémonie historique dans un stade de Soweto, où sont attendues 80.000 personnes.

Une centaine de chefs d'État et de gouvernement se retrouveront dans les gradins, avec des dizaines de personnalités du monde des arts ou de la culture, et une foule d'anonymes, tous unis par leur admiration pour le père de la Nation arc-en-ciel.

Les portes de Soccer City, près de Johannesburg ouvriront à 06h00 locale mais la cérémonie, diffusée dans le monde entier, ne commencera que cinq heures plus tard.

Sur l'estrade, les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro mettront leurs différends entre parenthèses pour saluer la mémoire de Nelson Mandela, mort jeudi à 95 ans après une longue agonie.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le président sud-africain Jacob Zuma et les dirigeants de pays émergents (Brésil, Chine, Inde) figurent aussi sur la liste des orateurs.

Leurs discours seront précédés du témoignage d'Andrew Mlangeni, qui fut détenu pendant de longues années avec Nelson Mandela sur l'île-bagne de Robben Island sous le régime d'apartheid, et des interventions de membres de la famille.

Tous devraient saluer le parcours exemplaire d'un homme qui a passé 27 ans en prison pour avoir combattu la ségrégation raciale dans son pays avant de négocier une transition pacifique parachevée par son élection à la présidence, en 1994.

Une fois au pouvoir, le champion de la lutte pour l'égalité s'est mué en grand réconciliateur, multipliant les gestes de pardon envers ses anciens oppresseurs blancs.

«Il était vraiment comme un magicien avec une baguette magique, il nous a transformés en peuple arc-en-ciel, glorieux et multicolore,» a résumé lundi soir l'archevêque sud-africain et Nobel de la paix Desmond Tutu.

Sobriété jusqu'ici

«Les appels de Nelson Mandela à la justice ont transpercé les consciences des gens partout dans le monde», a souligné lundi le Premier ministre britannique David Cameron lors d'un hommage au Parlement britannique, avant de s'envoler pour Johannesburg.

Pour assurer la sécurité de ces personnalités, les autorités ont déployé les grands moyens. Des dizaines de milliers de policiers et 11 000 soldats ont été mobilisés et les abords du stade ont été fermés à la circulation.

«Tous les signaux sont au feu vert», a assuré la ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

L'Afrique du Sud veut offrir à son grand homme des funérailles à la mesure de sa stature. Outre le stade de Soccer city et ses 80 000 places, trois stades de Johannesburg seront ouverts au public pour la projection de la cérémonie sur grand écran, ainsi que 150 sites de retransmission dans le pays.

Rien ne permet toutefois d'anticiper l'ampleur de la mobilisation. La journée de mardi n'est pas un jour férié, la pluie est annoncée et les Sud-Africains ont pour l'instant exprimé leur émotion avec pudeur.

Certes des milliers de Noirs, blancs et métis sont venus déposer des fleurs devant sa maison, ou dans des lieux symboliques de la lutte anti-apartheid. Mais dans la sobriété.

De même, les fidèles de toutes les confessions ont prié pour «la paix de son âme» dimanche sans effusion de larmes. Et les parlementaires, réunis en session extraordinaire lundi, sont restés très calmes, mettant l'accent sur l'importance de poursuivre son combat.

Après la cérémonie d'hommage officiel, mardi, la dépouille du héros national sera exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, avec des processions prévues chaque matin dans les rues de la capitale.

Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud-est rural du pays, la terre des ancêtres Xhosas de Mandela. C'est là qu'il sera enterré dimanche aux côtés de trois de ses enfants, lors d'une cérémonie traditionnelle, mêlant le culte chrétien et le rite xhosa.