Il était prêt à mourir pour la démocratie et la liberté. C'est entouré de l'amour des siens que Nelson Mandela s'est éteint, jeudi, chez lui, à l'âge de 95 ans.

Affaibli par des infections aux poumons, dont il souffrait après avoir contracté la tuberculose durant ses 27 années d'emprisonnement durant la lutte contre le régime d'apartheid, Mandela est mort «paisiblement entouré de sa famille», a annoncé le président d'Afrique du Sud, Jacob Zuma.

En soirée, l'arrivée de plusieurs voitures de police près de la demeure du héros de la lutte contre l'apartheid, située dans un quartier aisé de la banlieue nord de Johannesburg, avait attiré l'attention des journalistes et des voisins, qui savaient Nelson Mandela très malade. La nouvelle de son décès a filtré vers 23h, heure locale.

Irene Spogter, une mère de famille métisse, a dit s'être déplacée pour rendre hommage au premier président noir d'Afrique du Sud et soutenir sa famille.

«J'étais en train de regarder un film quand j'ai entendu la nouvelle. Je suis venue avec les enfants, dit-elle en entrevue. Je suis triste et je veux être présente aujourd'hui. C'était comme un père pour nous. Tout le monde l'aimait.»

Durant la nuit, des centaines de personnes ont occupé la rue fermée devant la maison de Mandela. Elles ont entonné l'hymne national d'Afrique du Sud ainsi que des chants révolutionnaires bien connus datant de l'époque de la lutte contre l'apartheid. La foule était composée de Blancs, et de Noirs, et on pouvait observer en son sein des gens portant la kippa ou le tchador.

Jeffrey Neluheni, jeune entrepreneur noir, a appris la nouvelle sur Facebook à Johannesburg, alors qu'il revenait d'un séjour au Cap. Malgré l'heure tardive, il s'est aussitôt dirigé vers la maison de Mandela.

«Je me suis senti très triste, explique-t-il. On y était préparés, bien sûr, mais c'est quand même un choc. Tout le monde espérait qu'il vivrait le plus longtemps possible. Mais je pense que sa mémoire lui survivra partout dans le monde. Tout le monde l'aimait, et c'est pour cela que des gens de toutes les communautés sont là ce soir. Le monde entier est en deuil aujourd'hui.»

Le rassemblement était chargé d'émotions, mais l'atmosphère n'était pas triste.

«Je suis ici pour célébrer la vie de Mandela», a simplement dit une jeune femme qui était dans la foule. Plus loin, une dame noire âgée avait le visage enfoui dans les mains.

Plusieurs personnes ont posé des bougies devant la demeure de Mandela, que les Sud-Africains surnommaient affectueusement Madiba.

Dans un point de presse chargé d'émotion, le président d'Afrique du Sud Jacob Zuma avait annoncé la mort de Mandela à la nation et au monde.

«Nous avons perdu notre meilleur fils. Son combat acharné pour la liberté lui a valu le respect du monde. Son humilité, sa compassion et son humanité lui ont valu leur amour», a dit M. Zuma dans un point de presse, à 23h45, heure locale.

Après un séjour de trois mois à l'hôpital, plus tôt cette année, Nelson Mandela recevait des soins chez lui depuis le 1er septembre.

Selon la BBC, la dépouille de M. Mandela sera transportée à un salon mortuaire de Pretoria, la capitale.

La South African Broadcasting Corporation a dit savoir qu'un service funéraire aurait lieu dans le stade FNB, près de Soweto, d'ici une semaine. Le stade FNB est le plus grand stade d'Afrique et peut accueillir près de 95 000 personnes. Il a été construit sur le site du stade où Nelson Mandela avait prononcé son premier discours après sa sortie de prison, en 1990.

Jeudi, le Congrès national africain (ANC), parti de Mandela, qui était interdit durant l'apartheid, a déclaré que sa mort était celle d'un «colosse».

«[Mandela] était une incarnation de l'humilité, de l'égalité, de la justice, de la paix et de l'espoir pour des millions de gens, ici et à l'étranger. Le grand baobab africain qui aimait l'Afrique autant que l'Afrique du Sud est tombé. Son tronc et ses graines vont nourrir la terre pour des décennies à venir.»