La Chine a fait trois vols spatiaux habités entre 2003 et 2008. Depuis, plus rien. Mais les plans chinois sont ambitieux. Au début du mois de mai, les médias chinois ont confirmé que le premier module d'une administation spatiale, Tiangong, un nom qui signifie «Palais céleste», serait lancé d'ici la fin de l'année. Deux autres modules laboratoires devraient ensuite s'arrimer à Tiangong, dont la durée de vie ne sera que deux ans au maximum. La taille de la station chinoise sera deux fois moindre que celle deMir, la station spatiale russe en service de 1986 à 2001, et sept fois moindre que celle de la Station spatiale internationale. La Chine a aussi des plans d'une station spatiale plus ambitieuse d'ici 2020, ainsi que des missions lunaires habitées d'ici 2025 une fusée lunaire devrait être prête dès 2014. Mars serait aussi au menu.

Plusieurs sont sceptiques. «Le budget spatial chinois est 10 fois moins élevé que celui de la NASA», dit Alex Roland, historien spatial à l'Université Duke, en Caroline-du-Nord. «Ça fait des années qu'ils parlent d'une station spatiale et de la Lune, mais ils n'ont pas fait de vols habités depuis trois ans.» John Longsdon, un politologue de l'Université George Washington qui a fait partie de la commission d'enquête sur l'accident de Columbia, est plus optimiste quant au projet chinois. «L'interruption des vols habités depuis 2008 était planifiée, dit M. Longsdon. Les

Chinois ont fait des présentations à l'Agence spatiale européenne et à la NASA. Je ne vois pas pourquoi ils mentiraient.» Chose certaine, les ambitions spatiales chinoises suscitent de l'inquiétude. En mai, le Congrès américain a tenu des audiences spéciales à ce sujet, durant lesquelles des politiciens ont estimé qu'il s'agit d'un plan de l'Armée de libération populaire visant à affaiblir la puissance militaire américaine.