Les autorités pakistanaises ont ordonné l'expulsion de tous les employés expatriés de l'ONG Save the Children, accusée de lien avec une fausse campagne de vaccination organisée par les Américains pour localiser Oussama ben Laden, a indiqué jeudi l'organisation humanitaire.    

« Nous avons reçu cette semaine un appel des services de renseignement nous demandant de renvoyer tout notre personnel expatrié », a dit à l'AFP un porte-parole de l'organisation, Ghulam Qadir.

« Nous n'avons reçu aucune explication » pour justifier cette décision, a-t-il indiqué, précisant que les autorités pakistanaises avaient initialement donné deux semaines aux personnes concernées pour quitter le pays, mais que cette échéance avait été repoussée à quatre semaines.

Les autorités pakistanaises n'étaient pas joignables jeudi après-midi pour confirmer ou commenter cette annonce.

L'ONG a indiqué qu'elle allait se plier à cette injonction, mais que cela ne signifiait pas la fin des activités au Pakistan.

« Nous allons continuer à opérer au Pakistan où nous offrons des services à sept millions d'enfants grâce à nos 2000 employés locaux », a souligné son porte-parole.

Save the Children a été associé par des responsables et médias pakistanais à la fausse campagne de vaccination organisée par la CIA à Abbottabad (nord) pour s'assurer, via des prélèvements d'ADN sur sa famille, qu'Oussama ben Laden se trouvait bien sur place comme elle le soupçonnait.

Cette campagne avait été menée en mars 2011, peu avant le raid clandestin américain qui a tué le chef d'Al-Qaïda sur place le 2 mai 2011.

Arrêté peu après, Shakeel Afridi, le médecin pakistanais qui avait organisé la fausse campagne de vaccination pour la CIA, a été condamné le 23 mai dernier à 33 ans de prison par un tribunal pakistanais. Il a fait appel début juin de ce jugement qui a été critiqué par les États-Unis.

Dans un rapport préparé en prévision de l'examen de l'appel de M. Afridi, et dont l'AFP s'est procuré une copie, les services de sécurité pakistanais accusent le directeur de Save the Children au Pakistan en novembre 2008 d'avoir à cette époque mis le médecin en relation avec « des Américains qui recherchaient ben Laden ».

Selon ce texte détaillé, le médecin pakistanais, qui travaillait à l'époque pour le gouvernement dans les zones tribales du nord-ouest, a ensuite régulièrement rencontré ces Américains à Islamabad dans « différents lieux, dont des stations-services, des librairies » et dans la rue.

Save the Children nie tout lien avec la campagne de vaccination. « Nous avons une position très claire dans l'affaire Afridi : il n'y a aucune vérité dans ces allégations, et aucune preuve concrète », a souligné M. Qadir.

Après la mort de ben Laden, les autorités pakistanaises ont limité la marge de manoeuvre des étrangers dans le pays en restreignant les visas et déplacements.