Un an jour pour jour après la mort d'Oussama ben Laden, les talibans afghans ont attaqué mercredi une résidence occupée par des étrangers près de Kaboul et annoncé le lancement d'une grande offensive, défiant les Américains juste après une visite sur place du président Barack Obama.

Lors de son court passage de nuit, M. Obama a signé avec son homologue Hamid Karzaï un accord encadrant les conditions d'une présence de soldats américains en Afghanistan jusqu'en 2024, aussitôt jugé «illégitime» par les talibans.

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Peu après le départ de M. Obama, les rebelles, chassés du pouvoir par les Américains à la fin 2001, car ils avaient refusé de leur livrer leur allié ben Laden, avaient de nouveau mené une attaque meurtrière dans la région de Kaboul, montrant une fois de plus leur capacité à frapper dans une zone censée sécurisée, moins de deux ans avant le retrait prévu des troupes de combat de l'OTAN du pays.

L'attaque a été lancée vers 6h15 locales (21h30, heure de Montréal) par des rebelles cachés sous des burqas qui ont fait exploser une voiture piégée devant un complexe sécurisé où logent notamment des employés de l'ONU, de l'Union européenne et d'ONG, avant d'attaquer ses gardes.

Selon le ministère afghan de l'Intérieur, sept personnes, dont un garde, ont été tuées. Au moins six de ces victimes sont afghanes, a-t-il précisé.

L'attaque a également blessé 18 personnes, dont huit ont été emmenées à l'hôpital, selon le ministère de la Santé.

Vers 10h (1h30, heure de Montréal), la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) a annoncé que l'assaut avait pris fin et que tous les assaillants -trois selon le ministère de l'Intérieur- avaient été tués.

Les talibans ont revendiqué l'assaut, affirmant avoir ainsi voulu répondre à la visite éclair de Barack Obama.

Ils ont ensuite annoncé le lancement à partir de jeudi leur traditionnelle «offensive de printemps» à travers l'Afghanistan contre les forces de l'OTAN qui soutiennent le gouvernement de Kaboul et tous leurs alliés.

L'opération «Al-Farouq» visera en premier lieu les «envahisseurs étrangers, leurs conseillers, leurs sous-traitants et tous ceux qui les aident militairement et par le renseignement», ont-ils annoncé sur l'un de leur site internet.

Lors de sa visite de six heures, M. Obama, qui brigue un second mandat de quatre ans, s'est surtout présenté devant ses compatriotes comme un commandant en chef capable de mettre fin à cet interminable conflit, en se gardant toutefois de s'engager sur une date.

Près de 11 ans après que les États-Unis ont envahi l'Afghanistan dans la foulée du 11-Septembre, plus de 1950 soldats américains ont donné leur vie à ce conflit qui lasse de plus en plus l'opinion publique américaine.

En réaction à l'accord passé entre les présidents Obama et Karzaï, les talibans, particulièrement en verve mercredi, ont aussitôt dénoncé un accord «illégitime», le comparant à «un acte de vente de l'Afghanistan établi par une marionnette sans pouvoir (Hamid Karzaï, NDLR) en faveur de son maître et envahisseur».

Les talibans mènent depuis dix ans une tenace rébellion contre le gouvernement pro-occidental de Kaboul et son allié de la force internationale de l'Otan (ISAF).

Cette dernière, dirigée par les États-Unis et composée à plus des deux tiers de soldats américains, compte également des contingents d'une quarantaine de pays et prévoit de retirer toutes ses troupes de combat du pays d'ici la fin 2014, laissant craindre une future guerre civile par la suite.

Seules des troupes américaines, à part peut-être des contingents résiduels de formateurs étrangers, resteraient ainsi dans le pays au-delà de cette date à laquelle l'ISAF doit en principe avoir transmis aux forces du gouvernement afghan la responsabilité de la sécurité du pays.

Le Pakistan voisin restait de son côté en alerte mercredi, de crainte d'attentats de groupes islamistes locaux alliés à Al-Qaïda, un an jour pour jour après le raid des forces spéciales américaines qui a tué ben Laden à Abbottabad, une paisible ville-garnison du nord du pays.