Le mariage du prince William et de Kate Middleton vendredi à Londres ne passionnera probablement pas la République populaire de Chine, mais il représente d'abord pour certains habitants une très belle occasion d'affaires.

Comme Zhou Mingwang, un entrepreneur de 32 ans, qui a déjà vendu plus de 100.000 réproductions de la bague de fiançailles de la future épouse. Ce bijou, un gros saphir bleu serti de diamants, avait été donnée en février 1981 par le père de William, le prince Charles, à sa future épouse, Diana, décédée en 1997.

L'entreprise de M. Zhou est installée à Yiwu, au coeur de la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine. Cette ville de taille moyenne est devenue le plus grand centre d'exportation de marchandises de consommation courante au monde.

À un peu plus de 300 km au sud de Shanghai, la cité-bazar est entourée de zones industrielles qui s'étendent à perte de vue et possède plusieurs marchés de gros spécialisés où la concurrence est farouche.

Venus des quatre coins de la planète, les acheteurs y passent commande pour remplir des conteneurs de jouets, de vêtements, de bijoux fantaisie, d'articles de droguerie ou d'objets décoratifs, à des prix défiant toute concurrence.

Pour le plus grand bonheur de M. Zhou et de ses collègues, les noces princières ont généré une énorme demande de «memorabilia», souvenirs qui accompagnent un événement, a fortiori royal. Ils ont répondu avec un grand sens de l'opportunité pour produire vite les bibelots les plus kitsch.

«Il y a dix ans, la Chine ne connaissait pas la mondialisation comme aujourd'hui», explique le commerçant. «L'Internet n'était pas aussi populaire qu'aujourd'hui. Comme il est de plus en plus populaire, on peut immédiatement savoir ce qui se passe dans les pays étrangers».

Les Chinois avaient fabriqué 90% des vuvuzelas, ces trompettes assourdissantes devenues le symbole du Mondial-2010 en Afrique du Sud. Ils fabriquent aujourd'hui la majorité des innombrables chopes, tasses, assiettes, colliers de pacotille, porte-clés, casquettes, drapeaux ou chandails arborant les portraits de William et de Kate.

Zhou Mingwang a mis en ligne sur le site Alibaba.com sa bague à faux saphir dès le lendemain de l'annonce officielle de l'union, le 16 novembre. Les premières commandes, depuis la Grande-Bretagne, sont venues très vite.

Et celles-ci continuent à affluer, six mois plus tard. M. Zhou vient d'envoyer 100 bagues à un client australien, alors qu'un magazine français en a acheté 35 000 pour une opération de distribution commerciale.

Il vend ses bagues à un prix unitaire de 22 yuans (environ 3$ CAN). D'autres sont sur le même secteur.

«Il semble que nous ayons sous-estimé la demande», constate Fu Xuxian, un autre commerçant de Yiwu. Il avait prévu de vendre au mieux 50 000 bagues, il a déjà plus que multiplié par deux cet objectif.

Dans la liste de shopping royal qu'il propose figurent des jouets inspirés des Teletubbies, personnages d'une série télévisée britannique pour très jeunes enfants, dont les visages ont été remplacés par ceux de Kate et de William. Et aussi la robe bleue que Kate portait à l'annonce des fiançailles.

Le jour du mariage, M. Zhou a prévu de venir à son usine avec un projecteur vidéo afin de permettre à ses 40 employés de regarder la cérémonie des noces.

«Nous préparerons des mets chinois et nous organiserons une petite fête», dit-il.