Elizabeth II a réitéré lundi à 85 ans son serment de consacrer sa vie entière à servir ses sujets, à l'occasion du 60e anniversaire de son accession au trône, confirmant à ceux qui en auraient douté qu'une abdication n'est aucunement à l'ordre du jour.

Le message a été aussi bref que solennel pour ce 6 février résolument placé sous le règne du «business as usual». «Je renouvelle mon engagement à votre service», y écrit notamment la reine.

Elle a choisi de marquer son jubilé de diamant en vaquant à ses engagements cérémoniels habituels, en l'occurrence une visite à la mairie de la bourgade moyenâgeuse de King's Lynn puis à une maternelle voisine du comté de Norfolk (est de l'Angleterre).

Comme à l'accoutumée (si l'on excepte les photographes et caméras de télévision présents en nombre) elle a été accueillie par le triple hourra d'une centaine de badauds, et a reçu son lot habituel de bouquets. La veille, un petit garçon lui avait offert son paquet de bonbons, à la sortie de la messe.

Le message royal fait écho à un discours fameux prononcé quand elle n'était encore que princesse héritière, à l'occasion de ses 21 ans, en avril 1947.

«Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou courte, à votre service et au service de de la grande famille impériale à laquelle nous appartenons,» avait-elle proclamé depuis la ville sud-africaine du Cap.

L'empire a été démantelé et remplacé par «la famille du Commonwealth» forte de 54 pays, mais le sens du devoir n'a jamais fait défaut, ont relevé, unanimes, les experts royaux. Malgré son âge, elle n'a pas l'intention de céder la place à son fils aîné le prince Charles, 63 ans, ou à son petit-fils William, deuxième dans l'ordre de succession.

D'autant que la reine paraît en parfaite santé. Sa mère, la reine-mère, s'est éteinte à 101 ans en 2002. Et si son règne se prolonge au delà de 2015, Elisabeth II détrônera sa trisaïeule la reine-impératrice Victoria, détentrice du record de longévité sur le trône.

Trois raisons ont été avancées par l'entourage royal pour expliquer la sobriété initiale du jubilé. La première est que le 6 février marque aussi la disparition de son père George VI. Elle illustre par ailleurs le souci de frugalité du palais de Buckingham qui a réduit son train de vie en ces temps d'austérité. Elle s'explique enfin par le choix d'une montée en puissance graduelle des festivités sur cinq mois, pour atteindre un paroxysme aux beaux jours.

Le clou des réjouissances sera une parade navale en juin sur la Tamise, sans égale depuis le règne de Charles II, il y a trois siècles.

Deux photos officielles de la souveraine ont été dévoilées lundi.

Sur la première, elle apparaît en robe de soie et satin blanc rehaussée de broderies et de paillettes, coiffée d'un diadème incrusté de 1333 diamants. Sur la seconde, elle se tient debout au côté du prince Philip, 90 ans, dans son uniforme d'amiral de la Royal Navy. Les deux clichés ont été pris avant l'alerte cardiaque qu'il a subie à Noël.

Le Times a célébré «le règne extraordinaire» d'une reine au faîte de sa popularité. Le Financial Times retient «60 ans et quasiment pas de faux-pas». Le tabloïd Daily Mirror la dépeint en «mère de la Nation».

Tandis que 103 coups de canons résonnaient à Londres, une avalanche de télégrammes de félicitations a marqué l'occasion. Le douzième Premier ministre de la reine, David Cameron, a souligné «sa dignité et autorité sereine», imité par Alex Salmond, le premier ministre d'une Écosse tentée par l'indépendance, qui a salué «sa grâce et sa distinction».

Le programme des réjouissances est désormais disponible sur un site officiel à l'adresse www.thediamondjubilee.org.

Sans parler des initiatives privées comme la commercialisation d'un whisky de 60 ans d'âge, la sortie de timbres commémoratifs et la diffusion d'un documentaire de la BBC ambitionnant de lever un coin du voile sur l'illustre et pourtant énigmatique souveraine.