Kate et William, qui arrivent au pays demain, feront-ils davantage courir les foules que Charles et Camilla, venus au pays en 2009? Même si les nouveaux mariés surfent sur une bonne vague de popularité, cela ne signifie pas -et surtout pas au Québec- que cela suffit à redorer l'image de la monarchie.

Kate et William ont beau faire un sans-faute jusqu'ici, rien n'y fait: membres de la famille royale ils sont, et à ce titre, 65% des Québécois se montrent surtout indifférents à leur venue, alors que dans l'ensemble du pays, on se dit à 34% «enthousiaste» et «fier». Que le couple princier se console pourtant: sa cote de popularité au pays est nettement plus élevée que Charles et Camilla, selon un sondage Angus Reid commandé par La Presse.

Dans l'ensemble du Canada, William et Kate sont assurément les membres les plus populaires de la famille royale: 74% des Canadiens ont une opinion favorable de William et 68% de Kate, alors qu'au Québec, 53% des répondants disent y être sensibles.

Tout de même, dans l'ensemble du Canada, la reine Élisabeth est aussi appréciée que Kate, signe que les gens lui ont pardonné sa froideur initiale lors du décès de Diana.

«Les Canadiens se sont manifestement rendu compte avec le temps que la reine Élisabeth est une valeur sûre qui a su garder le cap et une conduite irréprochable», avance le journaliste de Radio-Canada, Marc Laurendeau, analyste de la monarchie.

Pour le prince Charles, rien à faire: à peine un tiers des Canadiens l'apprécient. À lire ce sondage et tant d'autres, poursuit M. Laurendeau, «Charles -et la monarchie!- a vraiment un gros problème s'il souhaite réellement devenir roi. Son entourage devrait lui conseiller de céder volontairement sa place en lui faisant valoir qu'il pourrait ainsi continuer de militer pour les causes qui lui tiennent à coeur comme l'environnement et l'architecture ancienne.»

La plus impopulaire de tous, c'est Camilla, l'épouse de Charles. Au Canada, 49% des gens ont une opinion défavorable de celle qui, dans le couple formé par Charles et Diana, a fait figure de troisième roue du carrosse. Fait à noter, autant d'hommes que de femmes l'abhorrent.

Même si les Québécois ont une opinion assez favorable des nouveaux mariés, cela ne les fait pas changer d'avis sur la monarchie en général. Ainsi, si le prince William devenait roi, seulement 11% des Québécois disent qu'ils développeraient une opinion plus positive des institutions canadiennes héritées de la monarchie britannique. Pour 85% des Québécois, cela ne ferait pas de différence.

D'ailleurs, si la reine Élisabeth venait à mourir ou à abdiquer, 43% des Québécois (comparativement à une moyenne nationale de 23% tout de même plombée par les répondants québécois) ne voudraient voir personne lui succéder. Après elle, il ne devrait plus y avoir de monarques, selon eux. Dans toutes les autres provinces canadiennes, c'est le prince William que l'on voudrait voir accéder au trône, en faisant sauter le tour de Charles et de l'impopulaire Camilla.

De façon générale, 70% des Québécois et 40% des Canadiens en général voudraient se débarrasser du lieutenant-gouverneur et du gouverneur général.

Couper tout lien avec la monarchie britannique? Pas moins de 58% des Québécois sont fortement en accord ou modérément en accord avec cette idée, qui ne séduit en général qu'un Canadien sur trois.

Quand on demande aux Canadiens s'ils ont suivi le mariage royal d'avril, la différence est tout aussi notable entre les Québécois et les autres Canadiens: en général au Canada, on a suivi l'événement «de très près» ou «d'assez près» à 43%, alors qu'au Québec, les répondants n'ont répondu de même qu'à 26%.

Un péché coupable inavouable? «Je pense à tout le moins que pour un grand nombre de personnes, Kate et William suscitent la même curiosité que d'autres vedettes», avance Jaideep Mukerji, vice-président aux affaires publiques chez Angus Reid.

Le journaliste Marc Laurendeau, spécialiste de la royauté, s'étonne de ce que les répondants prétendent avoir suivi le mariage princier de loin. «Tout le monde ne parlait que de cela! Et si les gens ne s'intéressent pas du tout à cela, comment peuvent-ils avoir une opinion si défavorable de Charles et si favorable de Willliam?»