Les groupes impliqués dans la marée noire du golfe du Mexique, BP, Halliburton et Transocean, auraient pu éviter l'accident de la plateforme et manquent de «culture de la sécurité», ont affirmé mardi des responsables de la commission chargée d'enquêter sur la catastrophe.

Avant l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, «chacune des compagnies disposait de données et chacune était responsable d'opérations», a rappelé Richard Sears, un expert mandaté par cette commission indépendante de sept enquêteurs mise sur pied par l'administration Obama.

«Et si les données avaient été partagées de manière différente et si les opérations avaient été menées de manière différente, je pense que cette catastrophe aurait pu être évitée», a-t-il ajouté. «Pour un certain nombre de raisons, cela ne s'est pas passé comme cela, et c'est dommage».

«BP, Halliburton et Transocean sont des groupes importants opérant dans le golfe du Mexique et ils ont de toute évidence besoin d'une réforme de fond en comble», avait affirmé plus tôt dans la journée William Reilly, co-président de cette commission.

«Il est peu de dire qu'il n'y avait pas de culture de la sécurité sur cette plateforme» de forage pétrolier exploitée par BP, et dont l'explosion le 20 avril dernier a fait 11 morts et provoqué la plus grave marée noire de l'histoire des États-Unis, selon lui.

«Nous savons qu'une culture de la sécurité doit venir d'en haut pour imprégner une entreprise», a ajouté M. Reilly, ancien président de l'Agence pour l'environnement (EPA), sous le président Ronald Reagan.

M. Reilly a encore dénoncé «une culture de la complaisance» au sein des trois grandes entreprises qui toutes ont pris «de mauvaises décisions» alors qu'elles s'apprêtaient à terminer le forage du puits dit «Macondo» à 1.500 mètres sous la mer.

«Il semble qu'il y ait eu précipitation dans la réalisation» du puits «et il faut se demander d'où vient cette motivation qui pousse les gens à ne pas attendre que soit livré un béton de bonne qualité», a-t-il ajouté.

La commission, qui rend compte de ses travaux provisoires depuis lundi à Washington, avait déjà dénoncé le mois dernier la nature défectueuse du béton fourni par Halliburton comme étant une des causes de l'accident.

Les membres de la commission se sont aussi interrogés sur le fait que le personnel de BP et de Transocean sur la plateforme n'ait pas détecté les défauts de ce ciment dont les signes de dysfonctionnement étaient visibles sur des écrans d'ordinateurs sur le site mais aussi à terre, montrant une accumulation anormale d'hydrocarbures dans le conduit du puits.

Les techniciens de la plateforme ont en outre mal interprété un autre test de pression, le lisant à tort comme une réussite, a noté la commission.

M. Reilly a qualifié BP, en charge de l'exploitation du puits, Halliburton, fournisseur, et Transocean, propriétaire de la plateforme, de «traînards» en matière de sécurité. «Il est de notoriété publique que BP a eu des problèmes dans ce domaine», a-t-il ajouté.

La veille, Fred Bartlit, chef des enquêteurs de la commission nationale, avait toutefois estimé que la cupidité n'avait jamais prévalu sur la sécurité au cours du forage du puits.

«En aucune circonstance nous n'avons vu un être humain prendre consciemment  une décision motivée par l'argent plutôt que par la sécurité», avait-il affirmé lundi.

La commission, dont les pouvoirs d'enquête sont limités car elle ne peut interroger ingénieurs, techniciens et responsables sans leur accord, doit rendre ses conclusions et recommandations le 11 janvier.